Alan Duff, romancier néo-zélandais : « En Nouvelle-Zélande, nous savons bien que le XV de France est hors du commun »

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Tribune. « C’était extraordinaire », dit un des All Blacks à propos de l’accueil des Français, début septembre, à Lyon [leur camp de base]. Un bon départ. Merci, Lyon ! En revanche, l’accueil sera beaucoup plus froid à Paris le 8 septembre, quand nous affronterons la France en match d’ouverture de la Coupe du monde de rugby. Ce tournoi a ceci d’exceptionnel qu’il réunit les meilleurs joueurs et les meilleures équipes – et ce n’est pas la même chose, car les meilleurs joueurs ne font pas forcément les équipes les plus unies.

Prenons les trois Petit Poucet de la compétition, les Fidji, les Tonga et les Samoa. Les Fidji ont battu l’Angleterre en match de préparation. Les Tonga, eux, ont battu les Bleus en 2011. Quant aux Samoa, ils sont arrivés en quart de finale en 1991 et en 1995.

Ainsi, ces trois minuscules groupes d’îles du Pacifique, comme le dit lui-même l’entraîneur des Wallabies [l’équipe australienne], Eddie Jones, ont chamboulé l’Ovalie. On ne compte d’ailleurs plus les joueurs polynésiens présents dans les équipes du Mondial. Ils dominent les rangs des All Blacks et des Wallabies. Et c’est une bonne chose : la géopolitique du rugby tranche avec la géopolitique conventionnelle.

Au pays du long nuage blanc, le « beautiful game », c’est le rugby. Pas le football. Déjà, en rugby, on marque plus de points. Et puis les joueurs ne font pas tout un cinéma pour simuler une blessure et obtenir un penalty. Quand un rugbyman se fait plaquer et qu’il se fait mal, on sait qu’il s’est vraiment fait mal. On joue pour de vrai.

Richie McCaw et Thierry Dusautoir

Vendredi soir à Paris, samedi matin en Nouvelle-Zélande [10 heures de décalage horaire], le XV de France affronte les All Blacks. D’innombrables Kiwis regarderont et prieront. La France est la favorite, et elle devrait l’emporter. Mais il se peut aussi que ce soit nous.

Notre pays vit par le rugby et respire par le rugby. Nous sommes tous des experts – sportifs de canapé – de nos adorés All Blacks. Et nous sommes tous capables de la plus vive haine si nous pensons que l’entraîneur a mal fait son boulot – mais notre maçon ou notre plombier, jamais nous ne pensons en savoir plus qu’eux.

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Si la France nous bat, nous serons pour la plupart terriblement affligés. Et si nous nous faisons éliminer en quart de finale, comme en 2007, et déjà en 1999, face à la France, la Nouvelle-Zélande sera en deuil. Nous avons joué deux finales contre les Bleus, pour remporter la première haut la main [en 1987], la seconde d’un petit point. Celle de 2011, épique, a opposé deux équipes magistrales, un grand capitaine, Richie McCaw, et son égal, Thierry Dusautoir.

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