mardi, janvier 7

Nicolas Sarkozy est jugé à partir de ce lundi 6 janvier pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs.
Dans cette affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne électorale en 2007, l’ancien président de la République encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.
Trois anciens ministres comparaissent à ses côtés.

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Affaire libyenne : Sarkozy mis en examen

Pour la première fois, il comparaîtra avec un casier, trois semaines après avoir été définitivement condamné pour corruption dans l’affaire des écoutes à un an de prison ferme sous bracelet électronique. Lundi 6 janvier, Nicolas Sarkozy est de retour au tribunal et sera jugé jusqu’au 10 avril pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs. Le procès devra déterminer si l’ancien chef de l’Etat a accepté l’argent du dictateur Mouammar Kadhafi pour financer la campagne électorale qui a permis son élection en 2007. Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir noué, via ses proches, un « pacte de corruption » avec le dirigeant libyen afin qu’il abonde sa campagne en échange notamment d’un retour en grâce sur la scène internationale, ce que l’ex-président a toujours nié. 

Il encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.

Pour l’accusation, l’affaire débute fin 2005 à Tripoli lors d’une rencontre officiellement consacrée à l’immigration clandestine entre le colonel et Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, qui pense alors à la présidentielle. Un « pacte » aurait alors été conclu, selon l’accusation, qui s’appuie sur les déclarations de sept anciens dignitaires libyens, sur les déplacements discrets, avant et après, des anciens ministres Claude Guéant et Brice Hortefeux mais aussi sur les carnets de l’ex-ministre libyen du Pétrole, Choukri Ghanem, retrouvé noyé dans le Danube en 2012.

Invitation à Paris et gros contrats en contrepartie de financements ?

Pour le dictateur libyen, les contreparties à ce « pacte » auraient été une réhabilitation internationale (Mouammar Kadhafi sera accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy fraîchement élu président lors d’une visite controversée à Paris, première depuis trois décennies), la signature de gros contrats et un coup de main judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens condamné à perpétuité en son absence en France pour son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA en 1989, qui a coûté la vie à 170 personnes dont 54 Français. 

3 anciens ministres jugés aux côtés de Sarkozy

Aux côtés de Nicolas Sarkozy figureront 11 autres prévenus, dont les anciens ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth. Alexandre Djouhri et Ziad Takieddine, deux hommes rompus aux négociations internationales, seront aussi jugés. Ce dernier, en fuite au Liban, devra notamment expliquer pourquoi trois virements des autorités libyennes pour un total de 6 millions d’euros ont été retrouvés sur son compte, et pourquoi il dit avoir remis des « valises » contenant des « grosses coupures » à Claude Guéant. 

Les investigations ont par ailleurs montré que des espèces d’origine inconnue avaient circulé au QG de campagne de Nicolas Sarkozy. Eric Woerth, trésorier à l’époque, rétorquera qu’il s’agissait de « dons anonymes » pour quelques milliers d’euros seulement.

Nicolas Sarkozy estime que les accusations des Libyens ne sont qu’une « vengeance » s’expliquant par son soutien actif aux rebelles au moment du printemps arabe qui fera chuter Kadhafi, tué en octobre 2011 ; sa défense récuse les potentielles contreparties et proteste qu’« aucune trace » de financement illégal n’a été retrouvée dans les comptes de la campagne, brocardant aussi les « 16 versions » de Ziad Takieddine dans ce dossier.

L’une d’elle, une rétractation temporaire en 2020, fait l’objet d’une autre enquête : une douzaine de personnes sont mises en cause pour avoir voulu innocenter Nicolas Sarkozy par des moyens frauduleux. L’ex-président est mis en examen, soupçonné d’avoir avalisé ces manœuvres.


J.F. avec AFP

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