mercredi, décembre 31

Sonia Dahmani est avocate et chroniqueuse.. Photo Collection privée.

L’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani est aujourd’hui au cœur d’un feuilleton judiciaire à forte portée politique. Cinq procédures sont ouvertes contre elle, toutes liées à ses prises de parole publiques. Pour ses avocats, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un harcèlement judiciaire orchestré pour faire taire une voix critique du régime.

Accusée de diffusion de fausses nouvelles et d’atteinte à la sûreté publique, Sonia Dahmani fait les frais d’une application extensive du décret-loi 54, adopté en 2022. Ce texte est de plus en plus utilisé contre les journalistes, les militants et les opposants.

“Le pays est formidable”

Dans son cas, chaque intervention médiatique a donné lieu à une nouvelle poursuite. La première affaire remonte à mai 2023 : elle prononce des propos ironiques sur la situation du pays, en l’occurrence “Hayla lebled” [“Le pays est formidable”]. Résultat : une condamnation à un an de prison, réduite à huit mois en appel. Elle l’a déjà purgée, mais un pourvoi en cassation est en attente.

Deux autres dossiers sont liés à des déclarations sur l’existence de cimetières et de bus pratiquant la ségrégation, faites respectivement sur IFM et Carthage+.

Dans l’affaire IFM [sur cette radio, elle avait dénoncé le racisme subi sur le territoire tunisien par les migrants subsahariens], Sonia Dahmani est condamnée à deux ans de prison en première instance, peine ramenée à dix-huit mois en appel, en janvier 2025. Elle est actuellement incarcérée.

Dans le dossier Carthage+ [sur un plateau de cette chaîne de télévision, elle avait ironisé sur la possibilité que les migrants subsahariens veuillent s’installer durablement en Tunisie malgré une grave crise économique], elle a été traduite devant la justice le 16 juin 2025, sans notification préalable à ses avocats ni à sa famille. La cour a annoncé la mise en délibéré de l’affaire et la prononciation du jugement sans permettre aux avocats de plaider.

Un quatrième dossier a été ouvert par la Direction générale des prisons, après qu’elle a dénoncé les conditions de détention dans les prisons tunisiennes lors d’une émission de radio. Alors que la Cour de cassation avait statué que le décret 54 ne s’appliquait pas à ces propos, la chambre d’accusation a requalifié les faits en crime, au motif qu’ils viseraient un agent de l’État.

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