lundi, octobre 21

Depuis sa consécration aux Victoires de la musique en début d’année, Zaho de Sagazan est devenue un phénomène.
La chanteuse s’est confiée face à Audrey Crespo-Mara ce dimanche dans « Sept à Huit ».

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Sept à huit

Un air espiègle teinté de mélancolie, voilà comment on pourrait résumer Zaho de Sagazan . C’est aussi une voix singulière, de celle qui vous donne la chair de poule, comme lors du festival de Cannes en mai dernier où sa reprise éthérée, pieds nus et en larmes, de « Modern Love » de David Bowie, est devenue instantanément un hymne. Pourtant, rien ne prédestinait la chanteuse de 24 ans à un tel succès. Si ce n’est peut-être d’avoir grandi dans une famille où la musique régnait en maître. Avec en guise de scène, un grand matelas au milieu du salon où, avec ses trois grandes sœurs et sa jumelle, elle pouvait chanter et danser. 

« J’avais une mère institutrice, donc qui aimait les enfants et qui savait que les enfants avaient besoin de s’exprimer, et un père artiste peintre (…) C’était une famille très bruyante, il y avait toujours du monde à la maison. C’était très vivant. Mon père nous invitait à être original en nous imposant son originalité. On avait un camion pour faire rentrer la famille de sept et il était de toutes les couleurs (…) À la maison aussi, tout était loufoque, il n’y a pas un mur d’une même couleur », confie-t-elle à Audrey Crespo-Mara dans la vidéo en tête de cet article, replay du « Portrait de la semaine » de l’émission de TF1 « Sept à Huit » ce dimanche. 

Je n’attends qu’une chose, c’est de tomber amoureuse.

Zaho de Sagazan

Ravie d’avoir une maison qui ne ressemble à personne, Zaho est toute aussi originale que son prénom, trouvé après un concours d’onomatopées en famille. « Chacun avait un prénom très original », dit-elle. Malgré cette enfance insouciante et légère, le départ de la maison de ses trois grandes sœurs, quand elle avait 13 ans, va la plonger dans une tristesse infinie : « Je perds mes sœurs, enfin, c’était un drame aussi grand dans ma tête et je découvre surtout l’adolescence, avec une sensibilité qui va s’exacerber à ce moment-là ». La jeune fille qu’elle était prend alors beaucoup de kilos. « 15 en un an et demi », précise-t-elle. « Ça devient un drame, je ne me reconnais pas. J’ai des émotions beaucoup trop fortes dans ma poitrine. J’ai une impression de tempête dans mon cœur que je ne peux pas gérer et qui a besoin d’exploser »

C’est la découverte du piano qui va réconcilier l’adolescente avec sa tristesse. « Je me rends compte que pleurer sur mon piano a beaucoup plus d’intérêt que pleurer devant ma maman ou sur mon oreiller (…) Trouver les mots, ça va tout changer parce que je vais me dire : ‘enfin, je vais être comprise' », lâche-t-elle. Et comme un pied de nez, « Tristesse » est un des titres de son premier album, « La symphonie des éclairs », où elle assène : « Tristesse, dégage de là ». L’amour est aussi au cœur de ses chansons, et pourtant Zaho ne l’a encore jamais rencontré. « C’est vrai (…) A 15 ans, j’avais confiance en une seule chose, c’est dans la musique, donc je n’étais pas très ouverte à autre chose. Et en même temps, je n’attends qu’une chose, c’est de tomber amoureuse. Je sens que je suis faite pour ça », lance-t-elle. Zaho se voit même devenir une grande amoureuse : « J’ai un amour infini à donner. J’ai envie d’avoir des tas d’amours comme j’ai envie d’avoir plein d’amis. Je suis très gourmande d’expériences »

En attendant, l’amitié prend toute la place. « Il y a une simplicité tellement belle dans l’amitié. J’ai des amis que j’aime du plus profond de mon être et en plus, j’ai la chance de travailler avec eux (…) Je ne sais pas qui je serai sans mes amis. Je ne sais même pas ce que je ferai et pourquoi je serai là sans amis », clame celle qui sait ce que veut dire : consacrer du temps aux autres. Car pendant ses études, lorsqu’elle a dû trouver un petit job pour gagner de l’argent, elle s’est naturellement tourné vers le métier d’auxiliaire de vie : « C’était une des plus belles expériences de ma vie. Ce sont des personnes souvent très âgées. Pour moi, c’est un des plus beaux métiers du monde. C’est un métier qui représente la bonté à l’état pur, c’est-à-dire que tu donnes sans attendre trop en retour. Parce que tu es payé une misère et personne ne t’applaudit ». Soit l’opposé de son métier où elle estime qu’on est « beaucoup trop considéré ». « Quand je regarde une auxiliaire de vie, je me dis qu’il n’y a pas de raison que je sois plus considérée qu’elle parce que c’est un don de soi total », souligne-t-elle. 

Du coup, Zaho a appris à ne pas « se la péter », comme elle dit. « C’est le problème de ce milieu, il y a beaucoup trop de pédants. Tu sauves personne. Tu fais du bien évidemment, c’est le pouvoir de la musique, mais il y a plein de gens qui font du bien aussi », conclut-elle, bien décidée à continuer à apporter un peu de bonheur et de compagnie aux personnes âgées en se produisant dans des Ehpad. « Ça me fait autant de bien qu’à eux », sourit-elle. 


Virginie FAUROUX | Propos recueillis par Audrey Crespo-Mara

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