samedi, octobre 26

ÉTATS-UNIS – Une élection hautement incertaine. À 10 jours de la présidentielle américaine, mercredi 5 novembre, les sondages donnent Kamala Harris et Donald Trump dans un mouchoir de poche. Ceci bien que certaines enquêtes dans les États clés semblent montrer une légère avance – toujours dans la marge d’erreur – en faveur du républicain. Ces estimations très serrées amènent à s’interroger sur la possibilité d’un éventuel ex-aequo entre les grands électeurs à l’issue du scrutin.

Face à Donald Trump, Kamala Harris et les démocrates flirtent avec l’outrance pour ratisser large

Pour gagner l’élection, l’un des candidats doit obtenir une majorité absolue de grands électeurs, soit 270 sur 538. Dans le cas où les deux candidats se trouvaient avec 269 votes chacun, la situation se compliquerait. Selon les prévisions du site de statistiques 538 relayées par ABC News, il y a une chance sur 300 que cela arrive. Dans une campagne marquée par des retournements de situation rocambolesque, il n’est donc pas exclu que l’égalité survenue en 1800 entre Thomas Jefferson et Aaron Burr se reproduise.

Qui départage les deux candidats en cas d’égalité ?

Pour en arriver à un tel résultat, il faudrait, par exemple, que Kamala Harris remporte le Wisconsin, le Michigan, l’Arizona et le Nevada, ainsi qu’un seul vote électoral au Nebraska. Si, dans le même temps, elle perd la Pennsylvanie et la Géorgie, il y aurait ainsi égalité. Le site spécialisé 270towin recense plusieurs cas de figure qui pourraient mener à un ex aequo.

Quelle serait alors la marche à suivre pour départager les deux adversaires ? À la suite de l’élection de 1800, le 12e amendement a été adopté : si aucun candidat n’obtient la majorité des voix du collège électoral, la nouvelle Chambre des représentants, qui prêtera serment le 3 janvier, choisira le président et le Sénat le vice-président.

Mais les modalités du vote ne sont pas habituelles. Pour l’élection du président en cas d’égalité, chaque État dispose d’une délégation (regroupant tous les représentants de cet État) qui pourra donner une seule voix. C’est le parti majoritaire au sein de cette délégation qui détermine à qui ira sa voix et le candidat qui en obtient 26 l’emporte. « Le choix du président serait donc déterminé non pas par le parti qui détient la majorité à la Chambre, mais par le parti qui cumule le plus d’élus dans le plus grand nombre d’États », résume Radio Canada.

L’égalité, un scénario précaire pour Kamala Harris

Un tel vote ne serait pas favorable à Kamala Harris. Selon ABC News, les républicains sont aujourd’hui en position de faire basculer au moins une délégation d’État en leur faveur à l’issue du 5 novembre, et peut-être plus. « Les démocrates n’ont aucune chance de remporter 26 délégations dans un contexte politique où l’élection présidentielle se solde par une égalité de 269 voix contre 269 au sein du Collège électoral », conclut la chaîne.

Et ça, les républicains le savent très bien. C’est pour cela qu’ils ont tenté pendant des mois – et lors des précédentes élections – de changer le mode de scrutin de l’État du Nebraska. En effet, alors que tous les États marchent sur le modèle du « winner takes all » (le gagnant rafle la mise) – le candidat qui arrive en tête du scrutin dans un État remporte la totalité des grands électeurs de celui-ci –, le Maine et le Nebraska n’ont pas le même fonctionnement.

Ils ont intégré une part de proportionnelle dans l’attribution des grands électeurs dans chaque camp. Ainsi, ils attribuent deux grands électeurs au vainqueur de l’État et un au vainqueur de chaque circonscription. Or, dans cet État farouchement conservateur, la deuxième circonscription où se trouve Omaha a été remportée par les démocrates en 2008 et 2020. Il y a alors eu quatre grands électeurs républicains et… un démocrate. Donald Trump et les républicains ont tenté au printemps de faire passer un vote pour que cet État revienne au même mode de scrutin que les autres et passe entièrement en « rouge ».

Omaha, peut-être la clé de l’élection

Ces votes électoraux individuels dans le Maine et le Nebraska seraient donc extrêmement importants en cas d’égalité. Selon les sondages, la victoire la plus probable de Kamala Harris passe par les trois États pivots de la Rust Belt : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin.

Si elle perd dans les quatre États clés de la Sun Belt (Nevada, Arizona, Georgie et Caroline du Nord) et si les deux candidats l’emportent dans les États où leur victoire est prévisible, elle recueillera 269 grands électeurs, contre 268 pour son adversaire. Et c’est dans ce scénario qu’Omaha devient cruciale : son grand électeur, s’il est bleu, permettrait à Kamala Harris de franchir de justesse le seuil des 270 grands électeurs.

Mais à l’inverse, si Trump gagnait finalement le deuxième district du Nebraska (ou s’il avait pu obtenir les cinq grands électeurs en changeant le mode de vote comme il le souhaitait), les deux candidats se retrouveraient alors à égalité avec 269 grands électeurs chacun. Et Kamala Harris serait alors désavantagée.

C’est pour cela que le Nebraska et son deuxième district vont être scrutés de très près lors de l’élection. Les démocrates regrettent d’ailleurs que le plus riche habitant de la ville, le financier Warren Buffett, ait pris ses distances avec la politique. En 2016, « l’oracle d’Omaha » avait soutenu Hillary Clinton contre Donald Trump.

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