lundi, octobre 14

Il y a peu, dans le cours de politique étrangère américaine que je donne à Sciences Po, j’ai demandé à une étudiante lituanienne ce qui se passerait si Donald Trump, réélu, décidait de quitter l’OTAN. Elle m’a regardé droit dans les yeux et elle a répondu sans hésitation : « Les Russes envahiraient mon pays. » Si, le mois prochain, le candidat républicain est réélu à la présidence des Etats-Unis, je ne suis pas certain que la Russie envahirait aussitôt l’Union européenne, mais je suis convaincu que les conséquences pour l’Europe seraient terribles.

A l’heure actuelle, nul ne peut dire avec certitude le nom du prochain président américain. Les sondages sont serrés, en particulier dans les swing states, cette poignée d’Etats qui peuvent faire basculer d’un côté ou de l’autre l’élection présidentielle du 5 novembre. Aussi est-il tout à fait possible que Donald Trump sorte vainqueur des urnes. Si c’est le cas, les Européens sentiront le vent tourner.

Le premier mandat de Trump nous a donné un aperçu de ce à quoi l’avenir pourrait ressembler. Cela dit, je pense que son premier gouvernement n’a été rien de plus qu’une répétition générale quelque peu chaotique de ce qui pourrait prochainement se produire. Cette fois-ci, l’impact de sa politique risque d’être d’une tout autre ampleur. Comment une nouvelle présidence Trump changerait-elle votre monde ?

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D’abord, en matière de sécurité, l’Europe devrait se passer des garanties américaines. Trump a toujours été un virulent critique de l’OTAN : lors d’un second mandat, il reverrait sans doute en profondeur les engagements américains dans la sécurité transatlantique. Il n’y aurait peut-être pas de retrait pur et simple de l’OTAN, du moins pas dans l’immédiat, mais il est quasiment certain que Trump modifierait le positionnement des forces armées américaines au sein de l’OTAN. Le groupe de réflexion Center for Renewing America, lié à Trump, plaidait, en 2023, en faveur d’une « OTAN dormante », un concept qui semble avoir le vent en poupe dans les cercles politiques républicains.

Critique envers le libre-échange

Dans le scénario d’une « OTAN dormante », le parapluie nucléaire américain resterait en place, ainsi que certaines forces aériennes et navales présentes sur le théâtre européen. Pour le reste, les troupes terrestres américaines s’en iraient et l’Europe se retrouverait largement seule face aux menaces militaires. Pire : Donald Trump minerait la coordination politique qui est essentielle au sein de l’OTAN. Le consensus transatlantique entre les démocraties occidentales sur les questions de sécurité risquerait fort de partir à vau-l’eau. Les conseillers politiques de Trump promeuvent l’idée d’une OTAN « à deux vitesses », au sein de laquelle les Etats-Unis garantiraient uniquement la sécurité des pays qui « paient leur juste part ».

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