jeudi, décembre 11

  • L’un des fantômes les plus célèbres de la culture populaire française revient hanter les couloirs du Louvre dans un registre différent sur HBO Max ce jeudi 11 décembre.
  • « Dès que tu prononces ce nom, il y a un truc qui se passe », nous raconte la comédienne Shirine Boutella, tête d’affiche de cette mini-série de quatre épisodes.
  • Elle incarne une restauratrice d’art du musée dont la vie va basculer en apprenant qu’elle est étrangement liée à la figure de Belphégor.

La télévision s’en est emparée dès les années 1960. Le cinéma s’est rappelé à son bon souvenir au début des années 2000 dans un film avec Sophie Marceau. La figure de Belphégor continue à livrer ses mystères dans une mini-série teintée de fantastique mise en ligne ce jeudi 11 décembre sur la plateforme HBO Max. Le lieu du crime reste inchangé, même après toutes ces années. 

Spécialisée dans la restauration d’oeuvres d’art au musée du Louvre, Hafsa se retrouve au cœur d’événements inexpliqués après être entrée au contact avec le masque millénaire du dieu de l’orage Belphégor. Le point de départ d’une quête d’identité qui va faire ressortir les fantômes de son propre passé. Shirine Boutella (Lupin, Miskina), l’interprète de cette héroïne torturée, nous présente cette relecture du mythe qui compte aussi au générique Vincent Elbaz, Aure Atika et Kad Merad.

Stéphanie BRANCHU/PATHÉ/HBO Max/M6

Le nom de Belphégor convoque un héritage qui peut être lourd. Avez-vous hésité avant d’accepter le premier rôle de cette série ?

Figurez-vous que je n’avais rien vu avant, ni le film ni la série. Belphégor, ça me parlait comme tout le monde. Dès que tu prononces ce nom, il y a un truc qui se passe. Je me suis même dit : « Mais si ça se trouve, il existe ce masque ! ». Donc je suis allée regarder sur Google et il a bien été inventé pour toutes ces fictions. J’ai parlé du projet avec la productrice Aude Albano et le réalisateur Jérémy Mainguy en leur demandant s’ils faisaient un remake. Ils m’ont expliqué qu’ils partaient sur quelque chose de nouveau, une approche différente de Belphégor. Je me suis donc lancée en ayant moins de pression. Le personnage fantomatique apparaît mais ce n’est pas le sujet de notre série. On est vraiment sur un thriller psychologique autour d’une quête identitaire, autour du passé et de l’enfance de Hafsa. À la lecture du scénario, c’était tout nouveau pour moi.

C’est un registre dans lequel on n’a pas l’habitude de vous voir…

C’est vrai que je ne m’étais jamais essayée à ce genre, ce côté un peu horreur. Je trouvais cette approche, à travers Hafsa, extrêmement intéressante. On est vraiment dans sa tête entre ses hallucinations et ses pertes de mémoire. Son entourage a l’impression qu’elle perd pied et commence à douter d’elle. Il y avait défi là-dedans. Tu te dis : « Wow, il faut que je sois crédible. Il faut tenir le fil tout du long ». C’est quand même très torturé et très sombre.

Comment se connecte-t-on à un tel personnage, et surtout comment s’en déconnecte-t-on ?

Pour s’en déconnecter, c’est très facile. Elle est tellement épuisante que tu la mets très vite de côté en disant : « On se voit demain ! » (rires) La connexion s’est faite longtemps en amont avec le réalisateur. Quand j’ai rejoint le projet, je crois que seul le premier épisode était écrit. C’était super parce que j’ai pu faire mes retours au fur et à mesure que je recevais les versions de la suite. Le réalisateur m’a donné beaucoup de liberté sur ce point, il m’a même proposé d’organiser une réunion avec les deux auteurs de la série. Ils ont vraiment pris en considération ce que je leur disais, surtout par rapport aux liens entre les personnages.

La veille du tournage au Louvre, l’équipe technique ne parlait que de ça tellement c’était précis

Shirine Boutella

En quoi ce point est-il si important pour vous ?

Je trouve que les personnages gagnent en crédibilité et prennent une autre dimension grâce aux liens qu’ils entretiennent entre eux. C’est parce que son père (incarné par Kad Merad, ndlr) martèle que Hafsa est fragile qu’on se dit qu’elle a eu des troubles psychologiques toute sa jeunesse. On y croit encore plus quand les autres interviennent. On a aussi beaucoup travaillé avec les acteurs, notamment avec Tiphaine Daviot qui joue ma meilleure amie et apporte une légèreté sans casser la tension. Quand tu la vois à l’écran, tu sais que tu vas souffler un peu. Cet équilibre était très important. On a remodelé quelques dialogues avec l’aide de Jérémy Mainguy. Il était très précis et suivait le fil. On n’a pas tourné la série dans l’ordre donc il ne fallait pas se perdre sur le niveau d’intensité à mettre en fonction de ce qui se jouait pour Hafsa à ce moment-là. Le réalisateur était là pour doser.

Le prénom Hafsa signifie « petite lionne » mais aussi « celle qui protège » en arabe. Ça lui ressemble pas mal, non ?

Oui, c’est un peu elle, oui ! Elle ne se laisse pas faire, effectivement. Elle essaie de garder la tête haute malgré tout. Elle se bat pour ce en quoi elle croit. Après ce qui m’a marquée, c’est son côté très ambitieux. Elle met de côté tout le reste, dont sa relation avec son compagnon Vadim (Kevin Garnichat). Elle a un objectif, elle a un rêve. Elle veut l’atteindre et tout faire pour que ça se passe le mieux possible. Après je ne vois pas ce côté battante, j’ai vraiment l’impression que ça lui tombe dessus. Elle ne lâche pas mais elle est poussée par la quête de vérité sur son passé. Certes, il y a le masque mais beaucoup de choses arrivent en même temps. 

Hafsa est restauratrice au Louvre. Racontez-nous la première fois où vous êtes entrée dans le musée par ces petites portes dérobées réservées au personnel…

C’est ce que les gens s’imaginent mais on ne rentre pas par des petites portes ! (rires) On entrait par la porte principale avec nos badges. On n’a tourné que deux nuits au Louvre. Toutes les scènes qui se passent dans les couloirs et les ateliers ont été tournées dans d’autres bâtiments à Paris. Ça n’aurait pas été possible de tout faire là-bas. Il y a toujours quelqu’un qui t’accompagne, tu ne peux pas te déplacer comme tu le souhaites. C’est aussi tellement compliqué niveau timing que les dates sur place étaient bookées avant même que j’accepte le projet.

Comment s’est déroulé le tournage au Louvre ?

Le but, c’est que vous voyez le maximum du musée. Le réalisateur a pris chaque seconde, chaque millimètre de cet endroit pour me faire marcher des kilomètres ! (rires) L’idée, c’est vraiment de profiter de chaque espace possible du Louvre, de toutes les salles auxquelles on avait accès. La veille du tournage, l’équipe technique ne parlait que de ça tellement c’était précis : le matériel dont on avait besoin, le strict minimum pour pouvoir se déplacer le plus vite possible… 

Il y avait un côté vraiment militaire. On a récupéré les badges à 17h pour finir à 4h. On a dépassé un tout petit peu pour tourner la scène où on se fait face avec Belphégor. Même si des bijoux disparaissent, c’était très carré quand on y était (rires). Quand j’ai vu l’information sur le vol au Louvre, je me suis dit : « Si c’est Lupin ou Belphégor qui font un coup, ce sont des génies ! » Quand on a annoncé la série, les gens en ligne disaient : « Ah c’est vous ! » Je vous jure que j’ai rangé le masque, je n’ai rien fait de plus ! 

>> Belphégor, avec Shirine Boutella, Vincent Elbaz, Aure Atika, Tiphaine Daviot, Nicolas Briançon et Kad Merad – 4 x 52 minutes, disponible sur HBO Max

Delphine DE FREITAS

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