mardi, décembre 23

Avec notre correspondante à Dakar, Pauline Le Troquier

Il est 14 heures ce samedi-là à Dakar, au Sénégal, lorsque le téléphone de Moumar Gueye sonne. À l’autre bout du fil, un compatriote lui annonce la mort de son fils aîné Mouhamed. Selon le procureur d’Ajaccio, commune française, le policier à l’origine des tirs aurait tenté de neutraliser le jeune homme avant de faire usage de son arme de service.

Proviseur d’un grand lycée de la capitale sénégalaise, Moumar Gueye, les yeux embués, peine à comprendre pourquoi trois balles ont été portées contre son fils. « Certes, on devait le maîtriser. Je ne vois aucune raison qui puisse expliquer le fait que quelqu’un déambule avec une arme blanche. Maintenant, s’il opposait une résistance, on pouvait viser des points non mortels, comme le bras, les jambes ou les genoux. Là, c’est une intervention professionnelle. Mais aller jusqu’à l’abattre comme un animal, de façon lâche et ignoble… je n’ai même pas les mots pour qualifier ma rancœur. C’est un sentiment de dégoût ».

Un jeune homme « sans problème »

L’enquête va désormais se pencher sur l’état psychologique du jeune homme au moment des faits. Le jeune homme avait effectué un court séjour dans un hôpital psychiatrique à Paris en 2024, que son père qualifie de « surmenage passager », lié au cumul de ses études d’ingénieur et de contrats dans la restauration. Arrivé en France en septembre 2020 avec un visa étudiant, il est décrit par sa famille comme un jeune homme « sans problème ».

« Le jour même de sa mort, dans la soirée, j’ai parlé avec son patron à Ajaccio. Je lui ai demandé s’il y avait un problème avec Momo. Il m’a répondu : “Non, aucun problème. C’est un jeune sérieux, travailleur, exemplaire.” D’ailleurs, parmi tous les jeunes employés, c’est le seul à avoir un CDI ».

Aucune plainte n’a été déposée pour l’heure. Moumar Gueye envisage de saisir la justice française pour homicide volontaire. Dans une lettre adressée aux autorités sénégalaises, il demande également au président Bassirou Diomaye Faye de « prendre ses responsabilités » et de l’aider à faire la lumière sur ce drame.

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