samedi, mai 18
Dans une librairie, à Paris, le 21 octobre 2021.

Six mois et l’heure du premier bilan. Poussé par le Syndicat de la librairie française, le ministère de la culture a imposé, depuis le 7 octobre 2023, une facturation de 3 euros minimum de frais de port pour toutes les commandes de livres neufs inférieures à 35 euros. L’objectif affiché visait à soutenir les ventes dans les librairies indépendantes, en obligeant les plates-formes et surtout Amazon – dont les abonnés Prime ne payaient que 1 centime d’euro la livraison – à renchérir leurs prix.

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Or Amazon publie, jeudi 25 avril, une étude commandée à l’IFOP et réalisée auprès d’un échantillon de deux mille quatre personnes, qui analyse les effets de cette mesure. « Ces nouveaux frais de port impactent 63 % des acheteurs de livres », souligne l’étude, et touchent particulièrement « les plus petits revenus » (entre 74 % et 76 % pour les catégories modestes et les pauvres). Les plus aisés sont également concernés par cette mesure (à 41 %). Ce n’est qu’au-delà de 35 euros de commande de livres que les plates-formes peuvent continuer à facturer 1 centime d’euro de frais d’envoi.

Les effets depuis octobre s’avèrent tangibles et, d’après l’enquête, alarmants : selon l’IFOP, quatre acheteurs de livres sur dix déclarent « avoir réduit leurs achats et donc lire moins ». Toutefois, Amazon ne donne pas d’indication sur l’ampleur de la baisse de ses ventes d’ouvrages en France depuis octobre 2023.

Hyper et supermarchés

Les conclusions de l’étude semblent d’autant plus préoccupantes que cette modification réglementaire très controversée ne semble pas vraiment atteindre son objectif : aider les libraires indépendants. La grande majorité des acheteurs de livres qui reportent leurs achats dans des points de vente physique en raison de la hausse de frais de port privilégient davantage les hyper et les supermarchés, les grandes enseignes et les maisons de la presse (71 %). Les librairies indépendantes ne gagnent que 26 % de ces transferts, qui se concentrent surtout à Paris.

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L’IFOP rappelle que pour 70 % des acheteurs en ligne ruraux, ce type de consommation se justifie par « un éloignement géographique et un isolement qui complexifie l’accès à la culture ». Un argument qu’Amazon avait déjà utilisé en vain pour s’opposer à la réforme mise en place.

Par ailleurs, l’institut de sondage a analysé les conséquences de la baisse du pouvoir d’achat d’une large partie des Français sur leur budget alloué à la culture. L’étude assure que « 20 millions de Français l’ont déjà réduit » ou prévoient de le faire (pour 73 % des sondés concernés par cette baisse de pouvoir d’achat). Sans surprise, cet arbitrage concerne bien plus les catégories défavorisées (39 % vont baisser drastiquement ce budget, contre 29 % en moyenne) que les catégories aisées.

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