Vega-C : une pièce fabriquée en Ukraine à l’origine de l’échec du premier vol commercial de la fusée

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Une pièce fabriquée en Ukraine est à l’origine de l’échec du premier vol commercial de la fusée Vega-C, mardi 20 décembre 2022. Ce jour-là, deux minutes et vingt-sept secondes après son décollage de la base de Kourou, en Guyane, le lanceur, qui devait mettre en orbite deux satellites d’observation Pléiade d’Airbus, a quitté sa trajectoire en raison d’une baisse de pression de son deuxième étage. Selon la procédure standard, l’ordre de destruction de cette fusée a alors été donné. Les débris sont tombés dans l’océan Atlantique.

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A la demande d’Arianespace responsable de ce vol et de l’Agence spatiale européenne (ESA), l’autorité de développement du système de lancement, une commission d’enquête indépendante était constituée, afin de trouver au plus vite les raisons de cet accident. Le verdict est tombé vendredi 4 mars confirmant une information de La Tribune publiée la veille : la défaillance provient du col de la tuyère fabriqué par la société ukrainienne Youjnoye. Il s’agit de la partie qui relie le corps central à la tuyère en bas de la fusée.

Pour la commission il s’agit « d’une érosion thermomécanique inattendue du composite carbone/carbone constituant l’insert du col de tuyère, acheté par Avio en Ukraine. Des investigations complémentaires ont conduit à la conclusion que ce phénomène était probablement dû à un défaut d’homogénéité du matériau utilisé pour cette pièce. » Cette pièce n’a supporté ni la pression ni la température du vol.

Bilan très lourd pour l’Europe spatiale

Maître d’œuvre de cette fusée, le groupe italien Avio avait préféré ce fabricant à son fournisseur traditionnel ArianeGroup. La commission précise dans son rapport qu’« Avio a d’ores et déjà mis en œuvre une solution alternative pour les prochains cols de tuyères (…) fabriqués par ArianeGroup ». L’objectif fixé par l’ESA est de reprendre les vols fin 2023.

Mais cet accident pose la question de la responsabilité de l’ESA en tant que commanditaire des fusées. Dans une lettre envoyée le 28 février, révélée par Les Echos, l’agence spatiale française CNES demande à son homologue européen de procéder à une enquête interne, en plus de l’enquête technique. Elle demande une révision profonde du management des projets.

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Car le bilan est très lourd pour l’Europe spatiale, Arianespace se retrouvant sans lanceur pour honorer ses contrats, au moment où les Américains, les Chinois et même les Indiens accélèrent. Jusqu’au début de 2022, la firme européenne disposait d’une gamme de trois fusées, dont deux européennes : la petite Vega, pour les satellites légers en orbite basse entre 300 et 2 000 kilomètres de la Terre, et sa grande sœur Ariane 5, pour de lourdes charges à placer en géostationnaire à 36 000 kilomètres. Elle complétait son offre avec des lanceurs russes Soyouz vers l’orbite basse.

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