Un petit lémurien s’offre en modèle de torpeur

0
13

A Brunoy, dans l’Essonne, on le nomme « le petit château ». Une grande maison bourgeoise du XVIIIe comme il en existe des dizaines, dans ces communes d’Ile-de-France situées à une trentaine de kilomètres de Paris. Avec son parc, ses dépendances, et même une rue à son nom. Sauf que, depuis 1926 et un legs, la demeure accueille des laboratoires du Muséum national d’histoire naturelle. Plantes, arbres, insectes, oiseaux s’y déploient à loisir. Mais le plus surprenant reste assurément l’élevage de près de 500 microcèbes installé dans les sous-sols de la demeure. Depuis les années 1960 et le retour d’expéditions à Madagascar, les chercheurs du Muséum y étudient ce lémurien de 50 grammes pour tenter de percer ses multiples secrets, à commencer par celui de la torpeur.

Car si, pendant l’été, le microcèbe partage le mode de vie de nombreux lémuriens – arboricole, omnivore, nocturne –, pendant l’hiver, il passe sa journée dissimulé au fond d’un trou d’arbre dans un état de torpeur profonde. « Ce n’est pas exactement de l’hibernation, puisque, chaque nuit, il revient dans son état normal, explique le chercheur Jérémy Terrien. Sa taille ne lui permettrait pas de constituer suffisamment de réserves pour enchaîner des semaines de torpeur. Mais, sinon, il adopte la même stratégie pour économiser ses ressources, l’hypométabolisme, et calque son rythme sur celui des saisons. »

Car si l’hiver malgache ne ressemble assurément pas au climat rencontré par les marmottes des Alpes, les ours de Suède ou les spermophiles d’Alaska, les ressources en eau et en nourriture (fruits, insectes) s’y raréfient également. Aussi le microcèbe commence par se préparer et prend 50 % de poids en quelques semaines. Il stocke les graisses dans diverses parties de son corps, à commencer par sa queue.

Exceptionnelle longévité

« Regardez ce petit boudin ! » Jérémy Terrier vient d’ouvrir une grande cage et a plongé la main dans un des abris accrochés à l’intérieur. L’après-midi touche à sa fin, l’animal qu’il a saisi s’éveille. Ses grands yeux nous scrutent. Derrière lui, sa queue gonflée semble presque encombrante. L’animalerie a été divisée en six secteurs qui suivent, en décalé, les différentes saisons de l’année, offrant ainsi aux chercheurs une grande souplesse de travail. Et dans le secteur visité aujourd’hui, températures et photopériode correspondent bien à l’hiver de l’île de l’océan Indien. Fin d’hiver, plus exactement, comme en témoignent les testicules des mâles, qui commencent à retrouver du volume, après plusieurs mois de rétractation quasi totale. A peine lâché, l’animal cavale, saute d’une branche de laurier à l’autre, agrippe une ficelle, grimpe dans un panier… « Ils sont très actifs et peuvent mordre violemment », prévient le chercheur, en fermant la cage et en retirant le gant de protection qu’il avait enfilé.

Il vous reste 48.79% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici