Notre-Dame de Paris, la pionnière des « dames de fer »

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Les scientifiques l’espéraient mais n’osaient trop le formuler. Et si l’incendie qui avait ravagé Notre-Dame de Paris les 15 et 16 avril 2019, créant un choc au-delà des frontières nationales, offrait une occasion unique de revisiter l’histoire de la construction religieuse française ? L’absence de public pendant plusieurs années allait leur donner l’occasion d’études approfondies. Surtout, la disparition de la charpente et l’effondrement de la flèche et d’une partie des voûtains allaient livrer au regard et à l’analyse des chercheurs les secrets de fabrication de l’édifice.

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C’est désormais chose faite. Après la découverte par les archéologues de deux sépultures et de nombreux morceaux de l’ancien jubé enterrés sous la croisée du transept, une équipe d’historiens, de chimistes et de métallurgistes annonce dans la revue PLOS One, datée du 15 mars, que la cathédrale pourrait bien constituer « la première dame de fer ». « Si d’autres églises comme celles de Laon [Aisne] ou Noyon [Oise] avaient fait un usage anecdotique du fer, Notre-Dame présente une utilisation véritablement systémique du métal, tout au long de sa construction », affirme Maxime L’Héritier, maître de conférences en histoire médiévale à l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis et premier auteur de l’article.

« Des milliers d’agrafes »

Dès les premières observations détaillées suivant le sinistre, lui et ses collègues avaient découvert des agrafes métalliques dans les décombres de la cathédrale. Avec une température de fusion de 1 500 °C, le fer avait résisté sans mal aux quelque 800 °C du brasier. Les mois passant, ils en ont répertorié des centaines, mis au jour à différents niveaux de l’édifice. « Si l’on extrapole aux parties restées inaccessibles, ce sont des milliers d’agrafes que les bâtisseurs ont employées », note l’historien.

« Bourges, Beauvais ou Tours présentent aussi un large usage de renforts de métal, mais c’est plusieurs dizaines d’années plus tard et avec une autre technique » – Maxime L’Héritier, historien

Encore faut-il préciser ici de quoi l’on parle : hormis leur forme, ces agrafes n’ont rien à voir avec les petits morceaux de métal argenté qui accrochent nos liasses de papier. Longues de 20 cm à 98 cm, pesant jusqu’à 4 kg, ces pièces, scellées au plomb, permettent de fixer des blocs de pierre dans des parties sensibles. On retrouve notamment ces renforts dans la partie basse de la cathédrale, sous les arcs des tribunes, au-dessus du déambulatoire, et en haut, sur les murs bahuts, là où reposait la charpente.

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