Avec ses produits vieillissants, et quelque peu dépassés par ses concurrents, l’étoile du géant américain de la pharmacie MSD avait, dans le domaine cardiovasculaire, pâli ces dernières années. Depuis quelques jours, elle brille de nouveau grâce aux bons résultats de phase 3 du Sotatercept, son candidat-médicament pour traiter l’hypertension artérielle pulmonaire.
Peu connue, cette maladie rare, qui touche en Europe environ 30 000 personnes − bien souvent des femmes entre 30 et 60 ans −, ne dispose d’aucun traitement à ce jour qui permet de la soigner. Elle se caractérise par le rétrécissement progressif des petites artères pulmonaires, ce qui oblige le cœur a davantage d’effort pour pomper le sang. Epuisés, les malades ne peuvent plus faire quelques pas sans être à bout de souffle. Dans 43 % des cas, les malades en décèdent dans les cinq ans.
Les résultats de l’essai clinique Stellar pour évaluer le Sotatercept, dévoilés lundi 6 mars lors du congrès annuel de l’American College of Cardiology, la grand-messe mondiale de l’innovation sur les maladies cardiovasculaires, laissent toutefois présager d’un nouvel espoir. « C’est notre premier essai clinique sur ce médicament. Personne n’avait anticipé, au départ, des résultats aussi positifs », souligne le professeur Dean Li, président de la recherche et développement du groupe pharmaceutique.
« Remodeler l’artère pulmonaire »
Le critère principal de l’essai portait sur la distance de marche que les patients pouvaient parcourir en six minutes. Avec 40,8 mètres au compteur, la biothérapie de MSD a dépassé le seuil minimum de 33 mètres, jugé comme significatif. Surtout, elle a montré une réduction de 84 % du risque de décès ou d’aggravation de la maladie chez les patients ayant bénéficié du traitement comparé au placebo.
« Ces résultats impressionnants montrent que nous avons l’occasion de changer la donne pour les malades. Nous menons d’autres essais cliniques, encore ouverts aux recrutements, sur des populations de patients plus importantes pour mieux les comprendre », observe M. Li.
Les traitements actuels consistent à dilater les vaisseaux sanguins. Utilisant un mécanisme différent, ce médicament « permet de remodeler l’artère pulmonaire », détaille M. Li, s’attaquant ainsi directement à la cause de la maladie plutôt qu’à ses symptômes. Le laboratoire espère obtenir l’approbation des autorités de santé aux Etats-Unis et en Europe en 2024 pour pouvoir le commercialiser. Il réfléchit déjà à étendre ses recherches pour le tester sur d’autres maladies, notamment pour traiter l’insuffisance cardiaque diastolique.
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