Alors que la maladie d’Alzheimer – dont c’est la Journée mondiale jeudi 21 septembre – touche cinquante millions de personnes dans le monde – près d’un million en France – et qu’aucun traitement ne permet à ce jour de ralentir son évolution, agir en amont constitue un enjeu-clé.
Certains facteurs de risque ne sont pas modifiables : l’âge – le principal –, le sexe – les femmes sont plus touchées –, et certains facteurs génétiques de prédisposition. D’autres sont évitables, et pourraient retarder l’apparition des symptômes.
En 2020, un groupe d’experts en a listé douze dans la revue The Lancet : niveau d’éducation, hypertension artérielle, déficience auditive, tabagisme, obésité, dépression, sédentarité, diabète, isolement social, pollution de l’air, abus d’alcool et traumatismes crâniens. Les trois derniers ne figuraient pas dans le précédent rapport de ces auteurs, paru en 2017.
Ils ont calculé que, « ensemble, ces douze facteurs de risque potentiellement modifiables sont responsables d’environ 40 % des cas de démence dans le monde ».
L’effet protecteur du niveau d’éducation renvoie au concept de réserve cognitive, selon lequel « le cerveau peut faire face aux lésions cérébrales, soit en utilisant ses réseaux neuronaux préexistants, soit en activant de nouvelles connexions neuronales », selon la définition de la Fondation Vaincre Alzheimer. Une étude menée sur la cohorte de Framingham – une ville proche de Boston (Massachusetts) –, publiée dans le New England Journal of Medicine en 2016, montre une baisse moyenne de 20 % de l’incidence des démences à chaque décennie depuis la fin des années 1970. « Ce recul concerne majoritairement les personnes ayant un niveau d’études supérieur, supérieur au bac », souligne l’épidémiologiste Carole Dufouil, coautrice de l’article, responsable de l’équipe Phares (Inserm, université de Bordeaux). Le constat va dans le même sens dans d’autres pays à revenu élevé. « En moyenne, chez les individus à haut niveau d’éducation, les plus stimulés intellectuellement, l’apparition des symptômes cliniques liés aux anomalies cérébrales semble retardée », poursuit Carole Dufouil. La réserve cognitive pourrait en quelque sorte masquer les premiers troubles.
Des signes avant-coureurs ?
Inversement, une équipe internationale a identifié dix pathologies plus fréquemment développées par les patients dans les deux à dix ans précédant leur diagnostic de maladie d’Alzheimer, comparativement à des témoins. La dépression figure en tête de liste, suivie par l’anxiété, l’exposition à un stress important, la perte d’audition, la constipation, l’arthrose cervicale, les pertes de mémoire, la fatigue (et les malaises), et enfin les chutes et les pertes de poids soudaines. Ces résultats, obtenus à partir des données de 80 000 patients en France et au Royaume-Uni, ont été publiés dans The Lancet Digital Health en février 2022.
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