L’université de Strasbourg n’a pas peur du privé

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Vie des labos. L’université de Strasbourg et les hôpitaux universitaires de Strasbourg viennent de clôturer leur deuxième campagne de mécénat baptisée « Tous Nobels ! ». Au total, 56,5 millions d’euros ont été collectés depuis la création de la fondation universitaire, en 2010, un record en France pour un tel tandem université-CHU. Une première campagne menée de 2010 à 2014 avait déjà collecté 22,5 millions. Quelque 6 000 donateurs, dont un millier d’entreprises représentant 90 % des dons, ont ainsi contribué aux activités d’enseignement et de recherche de l’université, mais aussi d’accompagnement des malades et des soignants du CHU.

« Ces fonds ne sont pas là pour compenser le manque de financement de l’enseignement supérieur et de la recherche en France, mais ils permettent d’accélérer des projets déjà financés », a précisé Michel Deneken, président de l’université de Strasbourg. Parmi ces projets figurent de nombreuses bourses étudiantes, la réalisation d’espaces de ressourcement pour les soignants, le développement d’une maison d’éducation thérapeutique, la création d’une chaire consacrée aux sciences des données et à l’intelligence artificielle ou la mise en place d’une usine école aux standards de l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire.

Un quart de la collecte a été réalisé par la Fondation Jean-Marie Lehn (anciennement Fondation pour la recherche en chimie), qui a fourni le bras administratif de cette deuxième campagne. La recherche en chimie des systèmes complexes est ainsi soutenue par des entreprises telles que Solvay, BASF ou la Banque populaire. Grâce au mécénat, la quinzaine de doctorants accueillis par l’école universitaire de recherche en chimie (EUR CSC) de Strasbourg n’a pas à chercher elle-même de financement. Un atout supplémentaire pour cette structure unique en France.

« Sortir les chercheurs de leur tour d’ivoire »

Le chimiste chinois Xinghan Li est ainsi venu à Strasbourg mettre au point une nouvelle forme de catalyse permettant de modifier le cœur d’une molécule complexe, sans avoir à passer par toutes les étapes de sa construction. En altérant uniquement certaines liaisons entre les atomes, il a pu modifier un traitement contre le paludisme pour l’utiliser contre le cancer du côlon et la leucémie. Une technique qui laisse envisager un développement plus rapide des médicaments. L’EUR CSC est aussi le support de recherches concernant le développement de composants électroniques organiques, qui permettront demain de se passer de terres rares, mais aussi d’études plus fondamentales en chimie du métabolisme. « Le mécénat fait sortir les chercheurs de leur tour d’ivoire. C’est une manière pour l’université de rattraper les écoles d’ingénieurs », reconnaît Joseph Moran, directeur de l’EUR CSC.

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