L’explosion de Starship menace le calendrier du retour sur la Lune de la NASA

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Dans le spatial, dit-on, il y a deux types d’essais : les essais réussis et les essais riches d’enseignements. A en croire la communication de SpaceX, le premier vol du Starship, le 20 avril, qui s’est terminé par l’explosion du lanceur géant moins de quatre minutes après le décollage, est à ranger dans la première catégorie. Pourtant, ce premier vol est loin d’être une réussite totale. Si certains problèmes techniques sont déjà en passe d’être résolus et si la société d’Elon Musk s’active sur sa base de Boca Chica (Texas) pour préparer la suite, l’analyse de cet essai a mis en lumière des faiblesses qui risquent d’avoir de profondes répercussions sur le programme lunaire de la NASA.

Revenons à ce 20 avril. Au moment où le compte à rebours se termine, alors qu’une myriade de paramètres sont vérifiés pour chacun des trente-trois moteurs Raptor qui équipent le Super Heavy (le premier étage du Starship), trois d’entre eux ne sont pas autorisés à s’allumer. Ce qui en laisse trente, soit le minimum nécessaire pour le décollage. Celui-ci a donc lieu, un peu poussivement, décrit Christophe Bonnal, expert ès lanceurs au Centre national d’études spatiales (CNES) : « La poussée globale était plus faible qu’espéré. Le Starship a décollé un peu en crabe et SpaceX a eu de la chance, car il aurait pu raser la tour de lancement. » Malgré cela, la fusée s’élève dans le ciel texan, passe le mur du son et aussi le moment où le stress maximal s’exerce sur elle, mais elle a du mal à atteindre la barre des 2 000 km/h.

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D’autres anomalies se produisent. Trois moteurs supplémentaires tombent en panne « pour des raisons que nous ignorons, précise Christophe Bonnal. De plus, une des centrales hydrauliques servant à bouger les treize moteurs centraux, qui sont orientables, a explosé ». Continuons. Au bout de trois minutes de vol, on aurait dû assister à la séparation entre le premier et le second étage. « C’est une manœuvre délicate, ajoute l’expert du CNES, car il ne faut pas que le premier étage rattrape l’autre une fois la séparation effectuée, comme c’est arrivé une fois à SpaceX sur un vol de son lanceur Falcon-1. Ils ont donc imaginé de mettre le lanceur en mouvement de basculement pour que les étages ne se percutent pas une fois séparés. Quand on a vu le Starship commencer à tourner sur lui-même, le premier demi-looping était donc prévu. Mais pas le looping complet… »

SpaceX n’a pas expliqué pourquoi la séparation n’avait pas eu lieu. Lorsque le lanceur s’est mis à tourbillonner à 39 kilomètres d’altitude, le système d’autodestruction (flight termination system, FTS) a été activé, mais il a fallu entre vingt et quarante secondes pour que la fusée explose. Une anomalie significative pour laquelle SpaceX pourrait avoir à s’expliquer auprès de l’Agence fédérale de l’aviation (FAA).

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