Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :
« Bonjour, j’ai remarqué que nous avons maintenant de longues périodes de vents d’est et nord-est plutôt que des vents d’ouest. Est-ce que ce changement est dû au réchauffement climatique ? » Question posée par Philippe, de Tours, à l’adresse [email protected].
« Est-ce que le fait que le vent soit de plus en plus présent en Ile-de-France est lié au changement climatique ? » Question posée par Adrienne, de Seine-Maritime, à l’adresse [email protected].
Ma réponse : on ne sait pas avec certitude à quel point le réchauffement pèse dans les changements observés et à quel point la variabilité naturelle du climat joue. C’est une analyse rendue difficile par plusieurs facteurs : la nature locale des vents, la manière dont on les mesure, la perception que nous en avons, etc. Dans les modèles climatiques utilisés par les chercheurs, la réponse n’est pas définitive.
1/Pourquoi on n’est pas sûrs ?
J’ai posé la question à Christophe Cassou, climatologue et coauteur du dernier rapport du GIEC, qui m’a répondu ceci : « Il n’y a pas de réponse claire à l’échelle d’une région, voire d’un continent. Il y a plusieurs processus qui entrent en jeu pour modifier les vents dans un climat qui change. Certains tendent à accélérer les vents, d’autres à les diminuer. Selon les modèles de climat disponibles, une quarantaine environ, on n’obtient pas les mêmes résultats à la fois pour comprendre les changements passés et pour anticiper les évolutions futures. »
Ce qu’on sait par contre, c’est que les changements que l’on constate aujourd’hui ne sont pas principalement liés à l’influence humaine, mais plutôt à la dynamique interne du climat de très grande échelle – le rôle des océans par exemple. Pour se compliquer la vie, on sait cependant qu’au niveau local, dans certaines zones, le changement climatique pourrait quand même avoir un impact important : par exemple, certaines régions côtières connaissent une augmentation des brises qui pourrait être due au fait que les terres se réchauffent plus fortement que la mer. Mais, là encore, l’effet reste précisément à quantifier.
Quant aux vents en altitude qui contrôlent les tempêtes et l’alternance des épisodes chauds et froids à nos latitudes tempérées, il y a un débat entre scientifiques pour savoir à quel point le jet-stream, un fort courant d’altitude, répond au réchauffement global. Comme le dit le chercheur Fabio D’Andrea dans cet excellent article de mon collègue Hervé Morin paru cet été sur les jet-streams : « On continue à bien s’engueuler, de façon bienveillante. » D’ailleurs, le GIEC conclut dans son dernier rapport que sur ce sujet le niveau de certitude est faible.
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