La recherche au défi de la sobriété énergétique du numérique

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Un vent de rébellion souffle dans les laboratoires d’informatique au sujet des conséquences environnementales de leur activité. Une poignée de chercheurs rêvent d’entraîner avec eux toute une communauté vers un avenir numérique différent. « Le compte n’y est pas », a été l’un des leitmotivs de ces rebelles, répété lors des Green Days à Lyon, les 27 et 28 mars, une conférence académique nationale réunissant les spécialistes des questions numériques et environnementales. Le compte n’y est pas, car la quantité de gaz à effet de serre émise par le secteur du numérique augmente de 6 % par an. Quand, pour respecter les accords de Paris, il faudrait les baisser annuellement d’environ 7 %, a rappelé par exemple Guillaume Urvoy-Keller, professeur à l’université Côte d’Azur, graphique du Groupe ­d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à l’appui. Dans sa dernière estimation, le pôle numérique Arcep-Arcom réunissant les régulateurs des télécoms et de l’audiovisuel estime que l’empreinte carbone du numérique devrait augmenter de 45 % entre 2020 et 2030 en France.

Selon la coorganisatrice de l’événement, Anne-Cécile Orgerie, chercheuse CNRS à l’Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (Irisa), à Rennes, « le numérique fait partie du problème et pas seulement de la solution ». De quoi recadrer les discours triomphalistes des promoteurs des technologies numériques appelées à révolutionner la santé, le transport, l’agriculture, l’environnement…

Anne-Laure Ligozat, professeure à l’Ecole nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (Ensiie), dans l’Essonne, elle aussi en se référant aux graphiques du GIEC, a fait un pas de plus en moquant les rapports optimistes de cabinets de conseil. Dans l’un, réalisé par Accenture, pour le compte de la Global Enabling Sustainability Initiative (GESI), qui regroupe des industriels, est par exemple écrit « que le secteur des technologies de l’information et de la communication peut finalement découpler la croissance économique de la croissance des émissions [de gaz à effet de serre] ». Même en 2015, date du rapport, l’irrationalité de cette phrase était patente.

Nouvel état d’esprit

« La réponse aux questions d’environnement n’est pas que technologique. Elle doit être plus globale et systémique », observe Laurent Lefèvre, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), à Lyon, pionnier de ce nouvel état d’esprit et coorganisateur de ces onzièmes Green Days.

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