Grid’5000, les 20 ans d’un pionnier de la recherche

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Une machine géante, peu connue, va fêter, le 9 mai, ses 20 ans de fonctionnement au service de la communauté informatique et célébrer ses nombreuses contributions, y compris dans le domaine de l’efficacité et de la sobriété du numérique. Son nom fleure bon les temps anciens de l’informatique, Grid’5000, un système valant 16 millions d’euros, fait de 16 000 cœurs distribués dans 750 nœuds installés sur neuf sites (Rennes, Lyon, Nice…) et reliés par des fibres à 10 gigabits par seconde du réseau académique Renater. Le CEA, le CNRS, Inria et de nombreuses universités sont partenaires.

Aujourd’hui, Grid’5000 serait appelé « cloud », mais lorsque l’idée a germé, on parlait plutôt de « grille de calcul », c’est-à-dire la mise à disposition de plusieurs processeurs et mémoires à la demande, par opposition au calcul centralisé des centres dédiés, abritant des supercalculateurs. Dans la grille, l’union fait la force et la distribution des opérations à travers un réseau permet de connecter entre eux plusieurs « clusters » de processeurs. De quoi faire des calculs, bien sûr, mais aussi tester des protocoles d’échanges pair à pair, savoir comment répartir des bases de données sur plusieurs sites, ou encore déployer des suites de logiciels dans des analogues de data centers…

« Pour toutes ces applications, nous avions des théories, mais rien en pratique, car nous n’avions pas les machines, ni en France ni à l’étranger, d’ailleurs, rappelle Frédéric Desprez, chercheur de l’Inria à Grenoble et directeur du groupement d’intérêt scientifique Grid’5000 depuis 2012. Il nous fallait des ordinateurs qu’on puisse éteindre, rallumer, réinstaller sans cesse avec les outils à tester. Bref, il nous fallait des machines qu’on puisse bousiller ! » Hors de question de le faire sur les supercalculateurs d’un centre de production de calculs. « Le premier obstacle à surmonter est venu des autorités qui craignaient qu’on mette à disposition de pirates une énorme capacité d’attaques, se souvient Frédéric Desprez. On a convaincu que l’étanchéité vers l’extérieur était solide. »

Evaluer les coûts énergétiques

Le second défi a été de convaincre et d’aider les fabricants à mettre au point des systèmes d’allumage et d’extinction à distance. « Techniques qui n’existaient pas et qui sont maintenant des standards », souligne Frédéric Desprez. C’est aussi là que les premiers wattmètres ont été installés pour mesurer les consommations électriques des calculateurs. Ce qui n’intéressait personne, à l’époque. « Les gens avaient même peur que cela ouvre la porte à une facturation de leurs calculs », se souvient Anne-Cécile Orgerie, chercheuse du CNRS à Rennes, qui a installé ces instruments pendant sa thèse, entre 2008 et 2011.

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