Gaël Fournis propose des jouets technologiques et de la recherche bénévole en IA pour lutter contre les cancers pédiatriques

0
17

Assis en tailleur, jean, basket et chemise blanche décontractée, le psychiatre Gaël Fournis reconstruit une tour de 20 centimètres en Kapla. Et pour cause. Encouragé par son papa, Flavio, 5 ans et demi, vient encore de la détruire d’une balle télécommandée roulant comme un bolide. Un peu en retrait sur une chaise, Axelle, 12 ans et demi, manie tout en subtilité un robot multicolore, et ce malgré son bras passant sous son sweat-shirt pour cause de perfusion. A l’autre bout de la pièce, allongée sur son lit déplacé depuis sa chambre, Namizata, 10 ans, en a fini de son immersion aquatique avec son casque de réalité virtuelle. Smartphone en main, elle pilote fougueusement un drone attaché à un ballon vert gonflé à l’hélium. Son exploration est si hardie que le dirigeable de poche s’échappe de la pièce pour flotter allègrement dans le couloir, au grand plaisir de la fillette, tout sourire.

Gaël Fournis, dans la salle de jeu du département d'oncologie pédiatrique de l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), le 14 février 2023.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Quand l’intelligence artificielle permet d’identifier l’origine inconnue d’un cancer métastasé

Ce mardi 14 février après-midi, veille de la Journée internationale du cancer de l’enfant, la salle d’animation du 9étage de l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif, offre une parenthèse de légèreté à une dizaine d’enfants sous traitement et à leurs parents. Un moment de découverte d’objets numériques que l’association Dessine-moi la high-tech, cofondée en 2019 par Gaël Fournis, propose désormais dans une dizaine de CHU et centres de soins en France, de Brest à Nice, en passant par Paris, Tours ou Marseille. A chaque fois, une petite équipe de bénévoles anime ces ateliers dans des services d’oncologie pédiatrique.

Comment ce psychiatre breton de 36 ans, féru de criminologie et expert auprès de la cour d’appel de Rennes, s’est-il retrouvé dans cette aventure ? Tout a commencé au printemps 2018, se souvient celui qui était alors psychiatre hospitalier à plein temps à Rennes. Le papa d’un jeune enfant atteint d’un cancer, Grégory Nimod, le contacte. Cet ingénieur veut rassembler des compétences multiples dans une association d’aide autour des cancers pédiatriques. Une année de cogitation plus tard, Dessine-moi la high-tech naît avec deux finalités : apporter aux patients des moments d’évasion technologique, « pour notamment défocaliser et estomper douleur et stress », précise Gaël Fournis, et aider la recherche en oncologie pédiatrique grâce à l’intelligence artificielle (IA).

Des conclusions surprenantes

Le premier objectif, l’animation high-tech, se teste dès 2019 avec succès dans le service d’oncohématologie pédiatrique du CHU de Rennes. L’avènement surprise du confinement, qui bouleverse la façon de communiquer, aide paradoxalement l’association à concrétiser sa deuxième finalité, plus insolite. Sans complexe et se présentant en binôme, Gaël le psychiatre et Grégory l’ingénieur frappent numériquement et à distance aux portes des plus grands centres de cancérologie pédiatrique (Instituts Curie et Gustave-Roussy, Ihope à Lyon) afin de proposer des services bénévoles en intelligence artificielle. Leur force, annoncent-ils par mail, une kyrielle de datascientists talentueux. « Au départ, des amis ou amis d’amis, travaillant dans de grandes entreprises », précise Grégory Nimod, lui-même ingénieur chez Orange. Dans cette période où les compétences en IA et en analyse de données complexes sont largement recrutées par des acteurs économiques privés, l’argument fait mouche et les portes des centres de recherche s’ouvrent. De façon inédite, ces personnes se rencontrent en visioconférences par Zoom pour évoquer d’éventuels projets.

Il vous reste 57.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici