Créer un corps de réservistes d’universitaires et de chercheurs pour faire face aux crises

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Dans un écheveau, impossible de tirer sur un fil sans que tout bouge. Ces dernières années, les crises de grande ampleur qui ont secoué le pays ont eu des répercussions sur des plans multiples. Ainsi, la guerre en Ukraine voit s’imbriquer depuis un an géopolitique, économie, questions énergétiques, tensions sur les chaînes d’approvisionnement globales et luttes d’influence médiatique. La crise due au Covid-19 a, quant à elle, suscité des travaux très variés pour en cerner l’impact et trouver les réponses adaptées, en infectiologie et en épidémiologie, bien sûr, mais aussi en dynamique des fluides, en économie, en psychologie, en sociologie, en anthropologie et en logistique.

On a eu loisir de souligner, après coup, l’impréparation dans certains domaines et le manque de coordination entre structures. Faire la sourde oreille à ces manques n’est pas une option, mais mobiliser en permanence les ressources pour répondre à d’hypothétiques crises n’en est pas davantage une : imagine-t-on solliciter à temps plein, pour chaque type de crise en puissance, une équipe de sociologues et d’anthropologues afin d’en deviner à l’avance les effets ? Ou des économistes, pour mesurer, hors période de flambée épidémique, l’effet d’hypothétiques confinements ?

Plutôt que cette solution maximaliste non viable, je propose la constitution d’une réserve académique où il serait possible de puiser en période critique. Les corps de l’enseignement supérieur et de la recherche publique en France constituent un formidable vivier de personnels hautement qualifiés : quelque 56 000 enseignants-chercheurs et plus de 25 000 chercheurs titulaires dans les différents organismes de recherche publique (CNRS, Inria, Inserm, CEA, etc.), auxquels s’ajoute une fraction importante de non-permanents. On pourrait s’appuyer, sur la base du volontariat, sur les personnels disposés à être sollicités pour des études et des prestations de court terme, si le besoin l’exige.

Des exercices annuels

La terminologie choisie n’est pas anodine. Cette réserve académique ne serait pas sans rapport, dans son fondement, avec la réserve militaire ou la réserve sanitaire : il s’agit de pouvoir mobiliser des personnels dont les compétences sont précieuses, mais qui n’ont pas besoin d’être sollicitées au quotidien.

Pour être efficaces, ces réserves supposent une mise à jour des compétences et un entraînement réguliers. La réserve académique que j’appelle de mes vœux ne peut s’affranchir de tels exercices et, les bras croisés, attendre la prochaine crise : les appareils, devenus obsolètes, ne sont pas toujours remplacés ; les équipes changent ; les compétences disparaissent… A l’inverse, organiser des exercices annuels ponctuels autour d’un possible scénario de crise, pour tester la réponse de la réserve, garantirait le maintien d’un réseau de compétences et l’organiserait.

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