Comment les bactéries contournent les défenses du cerveau

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Dans quelle mesure l’intégrité de notre cerveau est-elle protégée par des barrières, et dans quelle mesure celles-ci sont-elles hermétiques ? Le plus connu de ces garde-fous cérébraux est la « barrière hémato-encéphalique » : ce réseau de vaisseaux sanguins, dotés de parois renforcées, parcourt l’encéphale et fait largement barrage aux intrus (agents microbiens, toxines…). Malgré tout, elle n’est pas inviolable : en cas de blessure ou de maladies, certains pathogènes ou des cellules métastatiques, par exemple, parviennent à se faufiler à travers ses failles et à envahir le cerveau.

Mais c’est la vulnérabilité d’un autre rempart du cerveau, les méninges, qu’une équipe américaine vient de mettre en évidence. Leur étude, publiée dans la revue Nature le 1er mars, révèle comment certaines bactéries parviennent à détourner à leur profit la communication entre les fibres nerveuses et les cellules immunitaires des méninges, ces membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. Une ruse qui leur permet de neutraliser les défenses immunitaires de leur hôte et de proliférer, provoquant de redoutables méningites.

Selon les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), plus de 1,2 million de cas de méningites bactériennes sont recensés, chaque année, dans le monde. En France, « après plus de deux années de faible incidence, en lien avec les mesures mises en place pendant la pandémie de Covid-19, le nombre de cas d’infections invasives à méningocoque repart à la hausse depuis le mois d’octobre 2022 », signalait Santé publique France, fin 2022. Non traitées, ces méningites bactériennes tuent sept personnes infectées sur dix. Et, parmi les survivants, un sur cinq conserve de graves séquelles : perte d’audition ou de vision, crises d’épilepsie, maux de tête chroniques…

Le rôle-clé des « macrophages »

« Jusqu’à peu, les méninges semblaient être des tissus inertes sans grand intérêt. Mais, il y a quelques années, plusieurs équipes dont la nôtre ont découvert qu’elles abritent une incroyable réserve de cellules immunitaires », relève Réjane Rua, du centre d’immunologie Marseille-Luminy. Dont certaines cellules nommées « macrophages », qui jouent ici un rôle-clé.

Une équipe de l’école de médecine de Harvard a détaillé, chez la souris, la cascade d’étapes qui permet à deux bactéries pathogènes de percer les couches méningées pour infecter le cerveau : Streptococcus pneumoniae et Streptococcus agalactiae, principales causes de méningite bactérienne chez l’homme. Les chercheurs se sont focalisés sur la plus externe des méninges, la dure-mère, qui abrite non seulement un riche arsenal de cellules immunitaires, mais aussi des neurones de la douleur, chargés de détecter la pression mécanique ou la présence de toxines notamment.

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