Archéologie : « Auparavant, on stockait des objets. Désormais, on stocke toute une documentation »

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Dominique Garcia, à Paris, en décembre 2017.

Depuis 2017, Dominique Garcia, chercheur associé au CNRS, spécialiste de la protohistoire de la France, préside l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Avec plus de 2 200 collaborateurs, cet organisme est le principal acteur de l’archéologie en France.

En France, quel est le statut de l’objet archéologique ?

Ce statut a changé avec la loi « patrimoine » de 2016. Auparavant, une moitié appartenait au propriétaire du terrain, et l’autre à l’inventeur [en archéologie, ce terme désigne la personne ou l’organisme qui fait la découverte]. Quand cet inventeur était l’Inrap, c’était l’Etat. Depuis 2016, le mobilier [terme qualifiant tous les objets exhumés] est réputé appartenir entièrement à l’Etat si le terrain a été acquis après la date de la promulgation de la loi, ce qui est souvent le cas parce que, quand un aménageur construit une ZAC [zone d’aménagement concerté] ou un immeuble, il ne le fait pas sur du foncier qu’il a en stock, mais sur des terrains qu’il a achetés ad hoc. Aujourd’hui, de manière très majoritaire, dans les endroits où l’on fouille, le mobilier archéologique revient donc intégralement à l’Etat. L’organisme chargé des fouilles le lui reverse en même temps qu’il remet son rapport.

De quel volume parle-t-on ? Que cela représente-t-il chaque année ?

En moyenne, chaque année, il y a en France 400 opérations de fouilles. Mais, entre une opération sur un site paléolithique où le mobilier représentera un demi-mètre cube – parce que les silex prennent peu de place – et la fouille d’une villa romaine dans laquelle il y aura des enduits peints qui occuperont plusieurs mètres cubes, on a de grandes disparités. Cela dit, on peut estimer que le total représente plusieurs centaines de mètres cubes annuellement.

En plus de leur rôle de stockage du patrimoine archéologique, quel est l’objectif scientifique des centres de conservation et d’étude (CCE) ?

Dans les CCE, le mobilier archéologique est contextualisé : il est associé aux archives, aux plans du site, aux photos prises lors des fouilles, aux modèles numériques. Il est également associé à des données bioarchéologiques, comme les restes de faune, les graines, etc. Par conséquent, un chercheur qui va travailler dans ces CCE aura à sa disposition les objets, mais aussi le plan, les rapports, les données environnementales. C’est un plus au regard des réserves anciennes ou des réserves de musée. Auparavant, on stockait des objets ; désormais, on stocke toute une documentation. Un peu comme dans les centres d’archives où il n’y avait auparavant que des papiers et où l’on trouve maintenant des photos, des films, des enregistrements… Les CCE sont donc des endroits de ressources, qui accueillent des chercheurs du CNRS, des étudiants.

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