Comment mieux assurer la sécurité des soignants et des hôpitaux ? Trois jours après le drame au CHU de Reims, où une infirmière a été poignardée mortellement par un homme souffrant de troubles psychiatriques, les professionnels du secteur ont été convoqués en urgence au ministère de la santé, jeudi 25 mai, pour plancher sur la question.
Ils en sont ressortis sans mesures nouvelles, mais avec un message réaffirmé par leur ministre de tutelle : face aux violences, « la seule position, c’est la tolérance zéro », a assuré François Braun, face à un auditoire de représentants des praticiens, directeurs, médecins, infirmiers… Plusieurs syndicats de personnels hospitaliers, dont FO et la CGT, ont néanmoins refusé de participer à la réunion, dénonçant une « opération de communication ».
Dans les établissements, le sentiment général est celui d’une augmentation des tensions. « Nous sommes aujourd’hui bel et bien face à un contexte de violence accrue qui touche nos soignants », a affirmé, jeudi, le ministre de la santé, et « qui traverse toute la société ».
Chaque jour, 35 cas d’agressions d’infirmiers
Depuis l’assassinat de l’infirmière Carène Mézino, les chiffres ne manquent pas pour raconter un hôpital confronté à des tensions toujours plus vives. Ce 25 mai, l’ordre national des infirmiers en a livré un nouveau recensement : deux soignants sur trois ont déjà été victimes de violences dans leur exercice professionnel, selon une consultation menée auprès de 31 000 infirmiers. Trois quarts font état d’insultes, qu’ils en aient été les victimes ou les témoins ; près de la moitié de menaces physiques ; plus d’un tiers rapportent des coups…
Autre source, autre chiffre : chaque jour, ce sont 35 cas d’agressions d’infirmiers, principalement aux urgences, en psychiatrie et en gériatrie, que comptabilise le Syndicat national des professionnels infirmiers.
Une instance nationale, l’Observatoire national des violences en milieu de santé, a pour mission officielle de brosser, chaque année, un état des lieux, tout exercice et tous métiers confondus. Selon le dernier bilan en date, portant sur l’année 2021, 19 328 signalements d’atteintes aux personnes ou aux biens lui sont remontés. Ils proviennent, pour 22 % d’entre eux, d’unités ou de structures de psychiatrie. Les deux autres principales sources de signalements, quasi ex aequo (un peu plus 12 %), sont les Ehpad (et unités de soins de longue durée) et les urgences.
« Poursuite systématique des auteurs de tout fait violent »
Porte d’entrée de l’hôpital, ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les services d’urgence sont « évidemment en première ligne », selon les mots de Marc Noizet, patron de SAMU-Urgences de France, qui évoque d’abord les violences liées aux effets de l’alcool, ou les patients présentant des troubles psychiatriques pouvant s’y retrouver en état de grande agitation. « Il est intolérable que des soignants viennent aujourd’hui travailler la boule au ventre, sachant que certains patients vont les insulter, les gifler, leur cracher dessus… », souligne l’urgentiste, qui prône une « réponse globale » allant de la prévention jusqu’aux outils pour gérer ces situations. Et, « surtout, dit-il, la poursuite systématique des auteurs de tout fait violent ».
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