Dans un rapport publié jeudi 14 septembre, l’Agence européenne de l’environnement (AEE) alerte sur le risque généralisé d’une exposition au Bisphénol A (BPA) supérieure aux niveaux de sécurité sanitaire. « Dans le cadre d’une récente initiative de biosurveillance humaine, le BPA a été détecté chez 92 % des participants adultes de onze pays européens », écrit l’agence dans son document à propos de l’un des principaux perturbateurs endocriniens.
Se fondant sur une étude d’avril de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a drastiquement baissé la dose quotidienne maximum de bisphénol A considérée comme sans danger pour le consommateur, l’AEE, basée à Copenhague, considère que « dans les onze pays qui ont participé à l’initiative de biosurveillance du BPA, le niveau de dépassement variait entre 71 % et 100 % ».
« Nous sommes en mesure de constater que le bisphénol A présente un risque beaucoup plus répandu pour notre santé qu’on ne le pensait auparavant », ajoute le rapport.
Le bisphénol A, longtemps omniprésent dans de nombreux produits comme les bouteilles en plastique, est soupçonné d’être lié à de multiples troubles et maladies − cancer du sein, infertilité, etc. − en raison des perturbations hormonales qu’il suscite. Dans certains pays comme la France, le BPA est désormais interdit dans les contenants alimentaires. L’Union européenne (UE) et les États-Unis ont restreint son usage et envisagent une limitation plus drastique, sans que celle-ci soit mise en œuvre pour l’heure.
Les débats concernent notamment la dose à partir de laquelle le bisphénol A est réellement dangereux. Or, pour l’EFSA, celle-ci est bien inférieure à ce que l’on pensait : elle l’a divisée par 20 000 par rapport à une précédente évaluation, un avis contesté par une autre agence, l’Agence européenne des médicaments (EMA).
100 % des cas en France
Pour le gendarme européen de l’environnement, il ne fait toutefois aucun doute que l’exposition au BPA « est bien supérieure aux niveaux de sécurité sanitaire acceptables (…) ce qui représente un risque potentiel pour la santé de millions de personnes ».
Le produit et deux de ses substituts (bisphénol S et F) ont été mesurés entre 2014 et 2020 dans les urines de 2 756 adultes à travers onze pays − Croatie, République tchèque, Danemark, France, Finlande, Allemagne, Islande, Luxembourg, Pologne et Portugal et la Suisse.
C’est en Suisse que les niveaux dépassent le moins les seuils, avec 7 %, tandis qu’ils les excèdent dans 100 % des cas en France, au Luxembourg et au Portugal, rapporte l’AEE, notant que les dépassements signalés sont des chiffres minimaux.
« Il est probable qu’en réalité, les onze pays présentent des taux de dépassement de 100 % des niveaux d’exposition supérieurs aux seuils de sécurité », a prévenu l’agence.