Sur la côte est du Cotentin, des questionnements après l’échouage de plus de deux tonnes de cocaïne

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Qui sont ces gens qui promènent leur chien sur la plage de Réville (Manche), sur la côte est du Cotentin, pendant qu’un hélicoptère gris tourne au-dessus d’eux ? Et ces jeunes qui parcourent la plage du Dranguet, près d’un blockhaus déstructuré où, rappelle un arrêté préfectoral, « la baignade, la circulation, le stationnement et le mouillage de tous navires ou engins non immatriculés sont interdits en raison du risque de découvertes d’explosifs » ?

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Et ce couple qui ramasse des déchets refoulés par la marée du côté de Néville-sur-Mer, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest, indifférents aux allées et venues d’un véhicule de la gendarmerie ? Et les occupants de ce véhicule qui scrutent le large à la jumelle depuis le quai de Fontenay-sur-mer, plus au sud ?

Des badauds, assurément. Mais aussi des gens « inquiétants », aux yeux de la population de la pointe est du Cotentin, pas rassurée par ces va-et-vient depuis que se sont échoués, dimanche 26 février, deux énormes sacs bourrés de ballots de cocaïne, retrouvés au Dranguet, auxquels se sont rajoutés, les jours suivant, d’autres cargaisons conditionnées de la même manière, du côté de Néville et d’Omonville-la-Rogue, sur la côte nord de la presqu’île.

Hommage interrompu

Au total, plus de 2 tonnes de poudre blanche ont été récupérées sur ces plages normandes, selon le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, représentant environ 7 % des saisies de cocaïne effectuées en 2022 sur le territoire national. D’autres petites quantités ont été signalées depuis, à l’ouest de Cherbourg. Et l’affaire est désormais suivie, à Paris, par la Juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée.

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Ce n’est pas la première fois que de la cocaïne arrive sur le littoral français. Fin 2019, des ballots contenant au total 1,6 tonne de poudre blanche s’étaient échoués sur les plages d’une large zone allant de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) à Camaret-sur-Mer (Finistère). Dans son bureau, le maire de Réville, Yves Asseline, est « inquiet » lui aussi, « triste » de voir de telles quantités de drogue arriver sur les rivages français. Mais il essaie de dédramatiser la situation.

Avant d’expliquer les particularités de sa commune, un bourg d’un millier d’habitants « qui vit du tourisme et qui meurt des résidences secondaires », il montre la photocopie d’une image reçue quelques jours après le premier échouage : un détournement de la couverture de l’album des Aventures de Tintin Coke en Stock (1958), avec un décor normand. « Nous, les Normands, on ne fait pas les choses à moitié, quand on commande, on commande », sourit l’un de ses administrés.

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