Comment se préparer à faire face à la mort ? Pour être accompagnés au mieux, certains mourants et leurs familles font appel à des doulas de fin de vie. A l’image des doulas de naissance, qui accompagnent les femmes enceintes avant, pendant et après la venue au monde de leur enfant, les thanadoulas (du grec thana, mort, et doula, servante) apportent un soutien psychologique à celui qui s’en va.
En France, la pratique est encore très marginale. Seul l’Institut deuils-doulas de fin de vie de Bonnal, dans le Doubs, est officiellement reconnu comme organisme de formation depuis le début de l’année 2022. L’activité se développe ailleurs, notamment en Suisse, où une trentaine de praticiennes sont référencées par l’association Doulas de fin de vie, présidée par Rosette Poletti.
A 85 ans, l’ancienne infirmière en soins palliatifs et ancienne directrice d’école d’infirmières dresse pour Le Monde les contours de cette activité, qu’elle pratique depuis une demi-douzaine d’années.
Qu’est-ce qu’une doula de fin de vie ? D’où vient cette pratique ?
Rosette Poletti : Les premières doulas ont été celles liées à la naissance, qui accompagnaient les femmes pendant et après leur grossesse. Le terme a été conservé pour parler des accompagnantes de personnes en fin de vie : on parle de doula de fin de vie ou thanadoula. De tout temps, des femmes expérimentées ont été appelées pour accompagner la naissance comme la mort. C’est encore le cas aujourd’hui, notamment dans les pays qui ne disposent pas d’un système de soins semblable à celui des pays occidentaux.
La doula est une personne qui n’est pas du monde médical, mais qui est formée pour être présente, pour accompagner les personnes mourantes et leurs proches sans angoisse, les aider en répondant à leurs questions, mais aussi les soutenir psychologiquement, spirituellement et de manière pratique ou administrative, selon la demande. Elle est souvent un trait d’union entre le mourant, ses proches et les soignants, en partageant et en échangeant des informations.
Les soignants et les équipes mobiles de soins palliatifs, qui font un travail extraordinaire, ont peu de temps pour assurer une présence auprès du mourant, ainsi que pour apporter une aide émotionnelle et un soutien à des proches. Ils ne peuvent pleinement participer à la préparation de cette transition qu’est la mort. La doula ne pratique pas d’acte médical et ne prodigue pas de soins palliatifs, elle est une accompagnatrice par sa disponibilité, son savoir-être particulier et sa compassion.
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