Est-ce la fin des tensions d’approvisionnement sur les pilules abortives ? Auditionné au Sénat sur les pénuries de misoprostol, un médicament nécessaire à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) médicamenteuse, le laboratoire Nordic Pharma a défendu, mardi 2 mai, sa gestion de la crise, assurant que les difficultés de fourniture observées ces derniers mois pour ces médicaments étaient désormais résolues.
« Il n’y a pas à craindre de pénurie, à proprement parler, de misoprostol ou de mifépristone en France aujourd’hui », a indiqué Vincent Leonhardt, vice-président pour l’Europe continentale de Nordic Pharma, devant la commission d’enquête sénatoriale sur les pénuries de médicaments.
A la mi-avril, plusieurs organisations avaient tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés rencontrées par certaines pharmacies depuis plusieurs mois pour obtenir du misoprostol, un médicament dont les deux seuls produits autorisés en France dans le cadre d’une IVG médicamenteuse, le Gymiso et le Misoone, sont commercialisés par Nordic Pharma.
Interpellé sur cette situation, le ministre de la santé, François Braun, avait alors reconnu des difficultés chez certaines officines à passer commande « dans certains endroits », mais réfuté le terme de pénurie. En réaction, un collectif d’associations, dont le Planning familial, avaient ouvert une pétition en ligne, appelant le ministre à « reconnaître l’état d’urgence sanitaire en matière d’accès à l’IVG ».
Livraisons en cours
Devant le Sénat, Nordic Pharma a reconnu une « rupture d’approvisionnement » pour le Gymiso, du 28 novembre 2022 au 16 janvier 2023, malgré des mesures de contingentement mises en place en accord avec l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Le laboratoire a toutefois souligné que cette difficulté n’avait pas affecté l’accès à l’IVG médicamenteuse, les stocks de Misoone étant à ce moment-là en nombre suffisant pour y pallier. La situation s’est cependant compliquée fin janvier après l’apparition de nouvelles tensions, cette fois-ci sur les livraisons de Misoone.
Interrogé par la commission d’enquête, Nordic Pharma a fait un état des lieux des stocks disponibles au 2 mai dans l’Hexagone pour ces produits. Concernant le Gymiso, 35 000 boîtes, correspondant à environ un mois et demi de consommation, sont actuellement dénombrées par l’industriel. « Ce stock sera porté à plus de trois mois et demi avec la réception de 60 000 boîtes début juin », a souligné M. Leonhardt.
S’agissant du Misoone, vendu sous deux formats – l’un contenant un seul comprimé, l’autre contenant seize comprimés –, la situation reste plus tendue. Le laboratoire compte aujourd’hui 34 348 boîtes au format un comprimé, auxquelles s’ajouteront, cette semaine, 6 400 boîtes supplémentaires, équivalant au total à près de deux mois d’utilisation. Pour le format large de seize comprimés, dont le stock reste « très faible aujourd’hui », seules 500 boîtes sont disponibles. Mais « 4 000 boîtes seront livrées cette semaine, 800 à la fin du mois de juin, soit quatre mois de stock », a poursuivi M. Leonhardt, assurant que « les tensions sont donc aujourd’hui finies ».
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