Pénurie de médicaments : une crise qui perdure, résultat d’une chaîne de causes industrielles et commerciales

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« Tension d’approvisionnement », « rupture de stock »… Chaque jour, ou presque, un nouveau médicament apparaît dans la liste mise à jour par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur la disponibilité des produits de santé. Après un hiver marqué par des pénuries sur l’amoxicilline et le paracétamol qui ont fait grand bruit, les tensions sont loin d’être retombées. Ces dernières semaines dans les pharmacies, les difficultés n’ont jamais été aussi fortes pour se procurer de la Flécaïne, un antiarythmique qui concerne quelque 380 000 personnes souffrant de troubles du rythme cardiaque. Retour sur une crise désormais installée.

« Dix ans » de tensions

« On va de médicament en médicament, toutes les semaines il y en a un nouveau », décrit Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. Anti-infectieux, antiépileptiques, antibiotiques, antidiabétiques… Les ruptures d’approvisionnement sont devenues un fléau qui touche toutes les gammes de médicaments. « Les pénuries sont permanentes, c’est un sujet préoccupant », relate Agnès Giannotti, présidente de MG France, principal syndicat de médecins généralistes.

« Cet été, les tensions ont continué à s’accentuer, notamment sur les médicaments en cardiologie », confirme la docteure Isabelle Yoldjian, directrice médicale à l’Agence nationale de sécurité du médicament. L’alerte sur la Flécaïne, un médicament dit « d’intérêt thérapeutique majeur » – soit pour lequel une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital à court ou moyen terme ou représente une perte de chance importante pour le patient – n’est que la dernière en date. « Quand il s’agit de maladie cardio-vasculaire, cela n’est jamais confortable, mais on ne peut opposer les pathologies ou faire une échelle de gravité dans les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur qui manquent, toute rupture est problématique », reprend la responsable.

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Depuis la sortie du Covid-19, la liste n’a cessé de s’allonger : les chiffres de l’année 2023 ne sont pas encore communiqués par l’ANSM, mais en 2022, plus de 3 000 médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ont été signalés en rupture ou risque de rupture par les industriels pharmaceutiques, contre 1 504 en 2019.

Selon le baromètre de France Assos Santé, qui représente patients et usagers, datant de mars, le nombre de patients se disant confrontés à une pénurie sur un médicament a bondi de 29 % à 37 % en un an. « Cela fait dix ans que les pénuries se font sentir, mais le phénomène est en augmentation et surtout on n’en voit pas la fin », s’inquiète Catherine Simonin, membre de France Assos Santé, qui cite aussi des tensions sur des médicaments en neurologie ou certaines chimiothérapies.

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