Sur le plan linguistique, le Nutri-score accède à la reconnaissance. Lundi 8 mai, le nom de ce logo nutritionnel apposé sur les emballages alimentaires, qui renseigne leur composition selon une note de A à E et un code couleur, a fait son entrée dans les nouveaux mots intégrés au dictionnaire Larousse. Sur le plan politique, en revanche, le dossier est encalminé. Plus de cinq mois après l’échéance à laquelle la Commission européenne devait proposer une législation pour un étiquetage nutritionnel commun aux vingt-sept Etats-membres, comme elle s’y était engagée dans sa feuille de route pour une alimentation durable « De la ferme à la fourchette » (en anglais, « Farm to fork » ou « F2F »), le dossier est au point mort.
L’étiquetage est un sujet ultrasensible et le Nutri-score adopté (de façon non contraignante) par la France et six autres pays européens (Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Luxembourg et Suisse) suscite une opposition farouche d’une partie de l’industrie agroalimentaire et de certains secteurs agricoles, craignant un déclassement de produits mal notés. Ces arguments ont trouvé écho auprès de représentants politiques, à commencer par les dirigeants italiens, vent debout contre ce logo, qu’ils jugent offensant pour les produits emblématiques de la gastronomie transalpine.
Regrettant des arguments « absurdes et malhonnêtes » et des « fake news suffisamment efficaces pour amener la Commission européenne à ne pas tenir ses engagements », un groupe de 320 scientifiques et professionnels de santé internationaux, spécialisés en nutrition, santé publique, médecine préventive, cancérologie, etc., publient un rapport, jeudi 11 mai, sur les fondements scientifiques sur lesquels s’appuie le Nutri-score. Dans ce document de 60 pages, ils appellent la Commission européenne à « proposer, dans les plus brefs délais, une législation pour adopter un étiquetage nutritionnel interprétatif obligatoire à l’échelle de l’Union européenne, qui soit basé sur la science, comme c’est le cas du Nutri-score. »
Aucun calendrier de présentation
La liste des signataires compte des scientifiques renommés, comme l’épidémiologiste brésilien Carlos Monteiro, professeur de santé publique à l’université de Sao Paulo, dont les travaux ont fait émerger la notion d’aliment ultratransformé, la biologiste américaine Marion Nestle, professeure émérite au département de nutrition de l’université de New York, ou encore le Britannique Mike Rayner, professeur en santé des populations à l’université d’Oxford et l’un des instigateurs d’un logo nutritionnel au Royaume-Uni.
Il vous reste 58.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.