Mort de Timéo : l’hôpital de Nancy et deux médecins condamnés

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Deux médecins ont été condamnées à de la prison avec sursis et l’hôpital de Nancy à une lourde amende, vendredi 5 mai. Ces condamnations interviennent dans le cadre de l’affaire qu’avait déclenchée la mort de Timéo Thuret-Gaire, en 2015. L’enfant, alors âgé de 4 ans, avait perdu la vie à la suite d’une surdose médicamenteuse.

Au printemps 2015, le petit garçon avait été admis au CHRU de Nancy pour des douleurs aux jambes, après être tombé de la moto de son père qui le transportait. Peinant à établir un diagnostic clair après trois semaines de soins en unité infantile, l’équipe médicale avait décidé de lui prescrire de la colchicine, un anti-inflammatoire. Mais une erreur de prescription aboutira à l’administration, pendant deux jours de suite, de seize fois la posologie requise, entraînant sa mort.

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La cardiologue pédiatrique ayant prescrit la colchicine, la cheffe de clinique adjointe n’ayant pas suffisamment encadré l’interne en médecine chargée du jeune patient et l’infirmière ayant administré la prescription erronée étaient poursuivies.

« On a été entendus », a réagi la mère de Timéo, Elodie Gaire, après l’énoncé de la décision. « Ce qu’on aurait souhaité, c’est qu’un procédé avec des vérifications soit mis en place aujourd’hui dans cet hôpital. On ne sait pas si (…) il y a eu des améliorations dans la prise en charge et les prescriptions de médicaments dans ce service pédiatrique », a-t-elle poursuivi.

« Notre crainte était que la mort de notre fils soit étouffée, que personne ne soit désigné coupable et ce n’est pas le cas, c’est déjà un petit pas », a ajouté le père de l’enfant, Julien Thuret.

« Négligences graves »

La cardiologue a été déclarée coupable de la mort de Timéo et condamnée à un an de prison avec sursis. Le tribunal, considérant qu’elle était une « médecin d’expérience, compétente », a conclu qu’elle avait « laissé l’interne se débrouiller toute seule » alors qu’« elle savait qu’il n’existait pas de version pédiatrique de celui-ci », a motivé le tribunal. Son avocat, Me Frédéric Berna, dénonçant une « décision révoltante », a déjà prévu d’interjeter appel : « Jamais je n’accepterai une condamnation dans ce dossier ! »

La médecin, qui était au moment des faits assistante cheffe de clinique, a été condamnée à six mois d’emprisonnement avec sursis pour son « défaut d’encadrement d’un interne en médecine ». « Il y a des négligences graves dans la supervision », a considéré le tribunal.

La jeune interne chargée du petit garçon avait obtenu le statut de témoin assisté au cours de l’instruction et n’était pas poursuivie.

L’infirmière qui a administré le produit à l’enfant a, quant à elle, été relaxée. Le tribunal a considéré qu’elle « ne pouvait savoir que ce médicament était dangereux », d’autant qu’« il n’y avait aucune alerte sur le logiciel de pharmacie » et qu’elle « n’était pas l’auteure de la deuxième injection ». « C’est l’application stricte du droit, aucune faute ne pouvait lui être reprochée », a réagi son avocate, Me Virginie Barbosa, à l’issue de l’audience.

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Enfin, reconnu « coupable des fautes commises par les praticiens agissant pour son compte », le CHRU de Nancy a été condamné à une amende de 225 000 euros, plus de quatre fois supérieure à celle des réquisitions. L’hôpital avait déjà été condamné pour des faits similaires en janvier 2011. Il aura l’obligation d’afficher pendant deux mois la condamnation sur la porte d’entrée de l’établissement ainsi que sur la porte du service pédiatrique.

Le Monde avec AFP

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