« Bien mieux. » C’est le nom d’une offre inédite, intégrée au Pass culture, que le Palais de Tokyo proposera en octobre aux jeunes de 15-22 ans souffrant de fragilité émotionnelle. Aider à aller mieux, c’est aussi l’ambition du Hamo, le département de médiation que le centre d’art parisien inaugure le 15 septembre. Espaces enveloppants, avec leur camaïeu de bleu et de rose poudré, formes alvéolaires tapissées de feutre et acoustique absorbante… Tout, dans la scénographie réalisée par l’agence éclectique Freaks Architecture, concourt à mettre à l’aise les publics, en particulier – c’est la priorité du moment du centre d’art – ceux souffrant de désordre psychique ou neurologique.
« Nous préférons parler de neurodiversité, corrige Guillaume Désanges, le président du Palais de Tokyo, d’identités psychiques qui doivent être accompagnées et soignées plutôt que corrigées. » Surtout éviter le lexique de la maladie ou du handicap, ces mots qui fixent et figent. « L’objectif n’est pas de guérir mais d’émanciper, en dehors du circuit médicalisé », confirme Yoann Gourmel, directeur des publics et de la programmation culturelle.
Soulager les épisodes dépressifs, décourager les idées suicidaires, accompagner les personnes atteintes de troubles du spectre autistique… Sur ces terrains-là, le monde de l’art ne prétend pas se substituer à la médecine mais, plus simplement, prendre sa part.
Nathalie Bondil, qui anime depuis trois ans un séminaire sur la muséothérapie à l’Ecole du Louvre, le dit avec naturel. « Ça tombe sous le sens, l’émotion esthétique est consubstantielle de notre santé », argumente la directrice du musée de l’Institut du monde arabe, l’une des premières à avoir lancé en 2012 des dispositifs « art et santé » lorsqu’elle dirigeait le Musée des beaux-arts de Montréal. « Les musées ont, jusqu’à présent, servi au tourisme, à l’économie et à la diplomatie, il est normal qu’ils contribuent à la santé publique », ajoute-t-elle. Alors qu’elle dirigeait le Musée de Montréal, elle a observé l’initiative du MoMA, à New York, qui, de 2007 à 2014, a accueilli les malades d’Alzheimer. Depuis, les expérimentations pour recevoir les patients en détresse psychique se sont multipliées au Royaume-Uni ou en Belgique.
Partenariats innovants
En France, le Louvre et le Louvre-Lens ont noué des partenariats innovants avec le secteur hospitalier. Plus récemment, en juin, Paris Musées leur a emboîté le pas en lançant le dispositif Bulle d’art avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
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