Aux Antilles, les services sanitaires sont sur le qui-vive. La dengue, affection très invalidante transmise par les moustiques, même si elle ne disparaît jamais totalement des territoires caribéens, est en pleine phase de recrudescence. « Depuis la mi-août, on est même au stade d’une épidémie confirmée », souligne Mathilde Melin, adjointe du responsable de la cellule Antilles à Santé publique France (SPF). Le passage en phase 4 de l’épidémie (la plus critique, la phase 5 correspondant à la fin de l’épidémie), déterminé par le plan de surveillance, d’alerte et de gestion des épidémies de dengue, a été activé, comme à chaque session épidémique, la dernière s’étant achevée en 2021.
Derniers chiffres connus, 400 cas ont été confirmés au total en Guadeloupe et en Martinique, pour la dernière semaine d’août, selon le bulletin épidémiologique régional de SPF en date du 1er septembre. Dans la semaine du 7 septembre, SPF note plus de 1 300 cas dits « évocateurs », sur les deux territoires. Plus largement dans les Caraïbes, l’épidémie sévit aussi. « Au Guatemala, on recense 11 200 cas et 22 décès », relate Mme Melin. En Guadeloupe, Le Gosier, Trois-Rivières et Saint-François étaient particulièrement surveillées en début d’été. Désormais, « toutes les communes de l’archipel sont concernées », selon l’agence régionale de santé, qui alerte sur la recrudescence du virus depuis novembre 2022.
Si, selon l’Institut Pasteur, seul 1 % des cas débouche sur des formes graves pouvant aller jusqu’au décès, le rythme des hospitalisations augmente au centre hospitalier universitaire (CHU) de l’archipel, d’après le chef du service infectiologie, Samuel Markowicz. « On a depuis quelque temps près de quatre patients par semaine admis dans nos services pour une dengue, et ça ne se calme pas du tout », note le médecin, qui rappelle que contracter la dengue une fois ne signifie pas être totalement immunisé. « Il y a quatre sérotypes de dengue, et si une immunité existe après avoir été contaminé par l’un d’entre eux, elle n’est valable que pour ce sérotype-là. »
Aucun traitement
Celui qui sévit actuellement est le sérotype 2, déjà présent dans la période 2019-2021, lors de la précédente épidémie en Guadeloupe qui avait duré soixante-treize semaines. En Martinique, il s’était répandu lors de l’épidémie de 2013-2014. « Selon les contaminations qui ont déjà eu lieu, l’immunité de groupe n’est pas la même », souligne le médecin.
Dans la population, la maladie circule à toute vitesse. « J’ai eu jusqu’à 40 degrés de fièvre durant presque quinze jours. Mon compagnon, lui, a dû être hospitalisé en situation de déshydratation avancée », témoigne Marie-Amélie, habitante de la commune de Deshaies, qui, à peine sortie d’affaire, a constaté que sa fille a également contracté la maladie, avec les plus grandes difficultés du monde à le faire confirmer : « Se déplacer au laboratoire pour une prise de sang, quand on est malade, c’est impossible », poursuit-elle. D’autant que, désormais, les confirmations par prise de sang sont réservées aux cas les plus graves et aux patients dits vulnérables.
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