Fin de vie : une partie importante des soignants affiche ses doutes ou ses réticences

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Alors que la convention citoyenne sur la fin de vie, voulue par Emmanuel Macron, s’approche du terme de ses travaux, reporté du 19 mars au 2 avril, nul ne sait encore quelle décision va prendre le chef de l’Etat. Mais il a pu s’en rendre compte : pour les soignants, en première ligne, l’éventualité d’une dépénalisation du suicide assisté et surtout de l’euthanasie demeure, pour beaucoup, une pierre d’achoppement.

Le débat se cristallise autour d’une question : l’« aide active à mourir » peut-elle, ou non, être considérée comme un soin ? Autrement dit, peut-elle faire partie, sans dévoiement, de la mission des soignants ?

Mi-février, une douzaine d’associations et d’organisations représentant quelque 800 000 soignants, emmenées par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), ont répondu d’un ferme non, dans un avis repris en « une » du Figaro, où est dénoncé un « glissement éthique majeur ». La position inverse a été soutenue dans une tribune au Monde par quelque 500 soignants, médecins, infirmiers, aides-soignants et psychologues, à l’initiative de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), tous s’engageant en faveur d’une aide active à mourir « dans un cadre strictement légal et encadré ».

Lire aussi la tribune : Article réservé à nos abonnés Fin de vie : « Nous, professionnels de santé, disons haut et fort que l’aide médicale à mourir est un soin »

« Ultime requête »

Le débat rebondit depuis des années, nourri par deux camps opposés, très organisés, sans qu’il soit vraiment possible de savoir ce que pense la « masse silencieuse » des soignants, même si les réticences et les inquiétudes exprimées résonnent fort, ces dernières semaines.

L’adoption, en septembre 2022, par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) d’un avis ouvrant la voie, avec une grande prudence, à une modification du cadre légal, a relancé les interrogations. Quels actes auraient à assumer, en pratique, les professionnels de santé, avec une nouvelle loi ? Comment cela affecterait-il la relation entre soignants et patients, dans les services de soins palliatifs et au-delà (l’oncologie, la gériatrie, etc.), partout où sont prises en charge des personnes en fin de vie ? Qui, parmi les praticiens, invoquerait la « clause de conscience » ? Qui, à l’inverse, estimerait de son devoir de répondre à cette « ultime requête » ?

La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs a sondé ses troupes, soignants et bénévoles : 90 % des 1 300 personnes interrogées dans le cadre d’un sondage mené avec Opinionway, en septembre 2022, approuvent le cadre légal actuel – celui de la loi Claeys-Leonetti qui, depuis 2016, autorise une « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». Presque autant (85 %) se disent défavorables à l’idée de provoquer intentionnellement la mort.

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