Comment enrayer le fléau des pénuries de médicaments ? Après un hiver 2022 marqué par de fortes tensions d’approvisionnement sur le paracétamol et l’amoxicilline sous forme pédiatrique, deux basiques des armoires à pharmacie, l’arrivée du printemps a été l’occasion, pour les industriels pharmaceutiques, de semer les graines d’une réflexion sur les remèdes à apporter.
Ou plutôt de repiquer les semis déjà mis en terre ces dernières années… La batterie de propositions présentée jeudi 11 mai par le LEEM, l’organisation professionnelle des industriels du médicament, afin de prévenir les pénuries de médicaments, fait en effet largement écho aux préconisations portées par ces mêmes acteurs en 2019 à destination du gouvernement. Parmi les principales mesures prescrites par les laboratoires pharmaceutiques figurent ainsi deux suggestions déjà émises il y a quatre ans.
La première met en avant la nécessité d’une meilleure coordination des systèmes d’information sur les tensions et ruptures d’approvisionnement existant à chaque niveau de la chaîne du médicament (industriels, pharmaciens, grossistes-répartiteurs), qui peinent aujourd’hui à partager efficacement entre eux leurs données.
La seconde prône l’établissement d’une liste de « médicaments d’intérêt sanitaire et stratégique » à sécuriser de façon prioritaire. Une liste dite d’intérêt thérapeutique majeur – à laquelle sont associées certaines obligations spécifiques, dont celle de stocks de sécurité – existe actuellement, mais sa « définition très large a pour effet d’englober jusqu’à la moitié des médicaments commercialisés, ce qui reste un nombre trop élevé pour agir efficacement sur leurs éventuelles ruptures », observe le LEEM.
« Chantage à l’augmentation des prix »
L’organisation professionnelle réitère surtout son plaidoyer pour une hausse des prix sur les médicaments « en situation de vulnérabilité économique », estimant que la faible rentabilité de certains produits n’encourage pas le maintien de leur production et contribue, in fine, à aggraver les pénuries. Cette mesure reste sans conteste la plus controversée. Elle provoque notamment la colère de l’association de patients France Assos Santé, qui y voit un « chantage à l’augmentation des prix » injustifié.
Ces propositions trouveront-elles un écho favorable auprès du gouvernement ? Les groupes pharmaceutiques ne sont pas les seuls à s’être attelés à la recherche de solutions. En 2018, l’Académie de pharmacie et le Sénat avaient sonné l’alarme et avancé des pistes pour endiguer le problème. Ils avaient été suivis, en 2020, par le rapport Biot, commandé par le gouvernement, puis, en 2021, par le rapport Giorgi de l’inspection générale des affaires sociales. Tous y dressaient le même constat préoccupant sur l’accès des patients aux médicaments, assorti de recommandations. Sans succès.
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