Elisabeth Borne fait sa rentrée politique : cigarettes puffs, utilisation du 49.3, interdiction de l’abaya à l’école… Ce qu’il faut retenir

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A la veille de la rentrée scolaire, alors que le gouvernement prépare la rentrée au Parlement, notamment avec l’élaboration du budget de l’Etat de l’année 2024 qui y sera soumis à l’automne, la première ministre, Elisabeth Borne, a accordé un entretien à RMC, dimanche 3 septembre.

Interdiction prochaine des minivapoteurs jetables puffs, recours à des 49.3 « certainement cet automne » au Parlement, ou encore défense de l’interdiction du port de l’abaya à l’école et prioriété donnée à l’hébergement des enfants vivant sans toit… La cheffe du gouvernement est revenue sur plusieurs thèmes d’actualité, voici ce qu’il faut retenir.

Les cigarettes puffs bientôt interdites

Lors de son entretien, Elisabeth Borne a confirmé que la fiscalité sur le tabac n’augmenterait pas en 2024. Elle a toutefois annoncé que les cigarettes électroniques jetables puffs, très à la mode chez les jeunes, seraient, elles, « prochainement » interdites, dans le cadre plan antitabac prévu pour la période 2023-2028.

« On a augmenté la fiscalité sur le tabac cette année et on ne prévoit pas de l’augmenter l’an prochain », a déclaré la première ministre. « Ça ne veut pas dire qu’on n’est pas très vigilant sur la consommation du tabac », a nuancé Mme Borne, précisant que « le tabac, c’est 75 000 morts par an », un chiffre « énorme » et « un enjeu important de santé publique ».

Dans ce sens, le gouvernement « présentera prochainement un nouveau plan national de lutte contre le tabagisme avec notamment l’interdiction des cigarettes électroniques jetables, les fameux puffs qui donnent des mauvaises habitudes aux jeunes », a-t-elle précisé.

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• « On aura à recourir, certainement cet automne, à des 49.3 »

Elisabeth Borne s’était engagée à modérer le recours à l’article 49.3 au Parlement à l’issue de la séquence tumultueuse de la réforme des retraites, adoptée au forceps par le gouvernement avec cet outil constitutionnel. Elle a toutefois reconnu dimanche qu’il serait difficile de se passer de 49.3 concernant le vote des budgets de l’Etat et celui de la Sécurité sociale, dont les projets de lois seront soumis au Parlement à l’automne.

« Sur les textes financiers et notamment le budget [de l’Etat] et le budget de la Sécurité sociale, les oppositions considèrent que voter un budget, c’est dire son appartenance à une majorité », a argumenté la cheffe du gouvernement, évoquant là « un droit tout à fait respectable ».

Dans une telle équation politique, alors que le gouvernement se retrouve sans majorité absolue au Parlement, Mme Borne a reconnu : « On aura à recourir, certainement cet automne, à des 49.3, parce que notre pays a besoin d’un budget. »

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Défendant les textes que le camp présidentiel a réussi à faire adopter depuis un an et demi, notamment « sur le pouvoir d’achat », comme sur l’énergie, elle a par ailleurs fait valoir que le gouvernement « avance, mais les oppositions, évidemment, veulent faire croire le contraire ». Ce faisant, elle a fustigé les comportements de certains députés dans l’Hémicycle, « en train de hurler, de s’invectiver », et l’image qu’ils donnent des débats – une attaque à peine voilée en direction des élus « insoumis » .

• Interdiction de l’abaya à l’école : Mme Borne récuse toute « stigmatisation »

Après l’annonce, la semaine dernière, par le ministre de l’éducation, Gabriel Attal, de l’interdiction du port de l’abaya dans les établissements scolaires dès la rentrée, Elisabeth Borne a également récusé, dimanche, toute « stigmatisation » des élèves. Elle a dénoncé au passage des « tentatives de provocation » et de « manipulation » sur la question, « notamment » de le part de La France insoumise (LFI).

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« Je vois bien qu’il y a de la manipulation et des tentatives de provocation de la part de certains. Je pense notamment à LFI. Mais je veux dire les choses très clairement : il n’y a aucune stigmatisation. Chacun de nos concitoyens, quelle que soit sa religion, a toute sa place dans notre pays », a-t-elle assuré.

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Sur la même ligne que le président de la République, qui a martelé vendredi, lors d’un déplacement dans le Vaucluse, vouloir que l’Etat soit « intraitable » pour faire respecter l’interdiction, la cheffe du gouvernement a ensuite avancé : « Il y a un principe, c’est la laïcité. Et il y a une loi qui interdit le port de tout signe ou tenue par lequel un élève manifeste son appartenance à une religion. C’est la loi qui doit s’appliquer à tous et nous veillerons à ce qu’elle soit bien appliquée. »

L’interdiction qui vaut aussi pour le port du qamis, version masculine de l’abaya, fait cependant l’objet d’un référé-liberté devant le Conseil d’Etat par une association de défense des musulmans, et est critiquée par une partie de la gauche, divisée sur la question.

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• Le gouvernement travaille afin que l’hébergement des enfants sans toit soit « une priorité »

Elisabeth Borne a également été questionnée au sujet des près de 2 000 enfants qui sont sans solution d’hébergement en France en cette fin d’été, à l’approche de la rentrée scolaire. Un chiffre révélé mercredi par le baromètre de l’Unicef et de la Fédération des acteurs de la solidarité.

« Ce qu’on peut dire, c’est qu’on n’a jamais eu autant de places d’hébergement d’urgence [205 000 places au total]. Donc, ce n’est pas normal que malgré toutes ces places, il y ait des enfants qui soient à la rue », a-t-elle déclaré.

Elle a fait savoir avoir demandé au ministre du logement, Patrick Vergriete, ainsi qu’à son ministre de tutelle, Christophe Béchu, « de travailler avec les acteurs du logement pour qu’il y ait clairement une priorité pour loger ces enfants ». « Je n’ai pas de doute qu’on doit arriver à offrir un toit à cha[cun de ces] enfant », a déclaré Mme Borne.

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Le Monde avec AFP

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