Déserts médicaux : en Auvergne, un « petit hôpital sur roues » pour accompagner les femmes enceintes

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Ne pas oublier les dossiers des patientes ni l’ordinateur au départ du centre hospitalier universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand, bien attacher le monitoring et l’échographe pour éviter les mauvaises surprises dans les virages. Nathalie Dulong et sa coéquipière du jour, Julie Duclos-Médard, commencent à être rodées.

Voilà six mois, depuis septembre 2022, que ces sages-femmes et leurs collègues battent la campagne sur les petites routes du Cantal, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et de l’Allier, entre pâturages moussus et toits de lauze, à bord de leur « petit hôpital sur roues », Opti’soins. Elles partent à la rencontre des femmes enceintes les plus éloignées des structures de périnatalité, dont le suivi de grossesse est parfois rompu par la distance, dans ces terres désertées par ceux qui soignent. A bord, tout l’équipement médical pour assurer échographies et examens biologiques.

S’il existe quelques structures de soins mobiles pour les femmes (la Mammobile, pour le dépistage du cancer du sein dans l’Orne, Gynécobus pour la prévention gynécologique dans le Var), Opti’soins est une première en matière obstétrique en France métropolitaine – inspiré d’un projet similaire à Mayotte, la Répémobile. L’expérimentation, adossée à un projet de recherche – piloté par le Réseau de santé en périnatalité d’Auvergne et le CHU de Clermont-Ferrand, financé par le ministère de la santé et la région Auvergne-Rhône-Alpes –, part d’un constat : « L’éloignement à plus de trente minutes de voiture d’une structure ou d’un professionnel de santé habilité à suivre une grossesse complique l’accès à un suivi adapté et régulier, empêchant la prévention de certaines complications, d’autant plus si la grossesse nécessite un suivi plus médicalisé », explique la docteure Anne Debost-Legrand, investigatrice principale du projet.

Lire aussi : Deux tiers des maternités ont fermé en France en quarante ans

Diminution des effectifs de gynécologues, fermeture depuis quarante ans de petites maternités – au motif, notamment, d’un nombre d’accouchements considéré insuffisant et d’un manque de médecins spécialistes – au profit de structures centralisées plus techniques jugées plus sécurisées par les autorités sanitaires… Cette concentration a une conséquence : le nombre de femmes en âge de procréer se trouvant à plus de quarante-cinq minutes d’une maternité a plus que doublé entre 1997 et 2019 en France, selon une étude du géographe de la santé Emmanuel Vigneron réalisée pour Le Monde, en 2019, avec 430 000 de plus. Le nombre de celles se trouvant à plus de trente minutes a, lui, augmenté de près de deux millions.

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