L’été s’achève à peine, mais les urgentistes avancent déjà, en ce début du mois de septembre, leur bilan d’une période estivale très compliquée, pour appeler de leurs vœux une action politique forte.
Un service d’urgences sur deux a fonctionné de manière dégradée en juillet-août, avec au moins une « ligne médicale » – soit un médecin – de moins, selon l’enquête dévoilée par le syndicat SAMU-Urgences de France mercredi 6 septembre. Celle-ci a rassemblé les réponses de médecins de près de 300 établissements, pratiquement la moitié de l’offre de soins d’urgence. Autre chiffre conséquent : 163 services ont fermé « au moins ponctuellement » entre le 1er juillet et le 31 août, faute de ressources humaines suffisantes. Et ce dans soixante départements. Zones rurales, urbaines, touristiques… ces fermetures sont réparties sur le territoire de manière hétérogène, souligne le syndicat, et cela peut être une nuit, ou plusieurs, voire en continu (jour et nuit). Elles symbolisent, pour le syndicat, « l’échec d’un système qui n’est plus à même de proposer à la population un accès aux soins de proximité, de qualité et sécurisé ».
L’alerte remontant de nombreux territoires concernant les SMUR, ces services mobiles d’urgence et de réanimation comprenant un médecin, un infirmier, un conducteur et un véhicule médicalisé, envoyés dans les situations de détresse vitale, est confirmée. Sur les 233 SMUR qui ont répondu à l’enquête – soit plus de la moitié d’entre eux –, près des deux tiers (70 %) rapportent des fermetures, là encore dans une soixantaine de départements. Un symptôme nouveau, par son ampleur, d’une crise qui touche désormais « la réponse à l’urgence vitale », dénonce le syndicat.
Les soignants, les patients, ont-ils vécu un été pire en 2023 qu’en 2022 ? La réponse oppose les acteurs de la santé au gouvernement. « Il faut arrêter de faire croire que les choses se sont bien passées, fait valoir le « patron » de SAMU-Urgences de France, Marc Noizet, qui a tiré la sonnette d’alarme dès le début de l’été. L’anticipation permise par les mesures Braun [déployées à l’été 2022 à l’arrivée de François Braun au ministère de la santé] a permis que ce soit moins violent que l’an passé, mais la dégradation de l’offre de soins s’est poursuivie. » En face, l’actuel ministre, Aurélien Rousseau, a fait sien, ces dernières semaines, le constat de son prédécesseur sur un hôpital qui « tient », même si « on est sur une ligne de crête dans beaucoup de services », a-t-il concédé fin août. Un « en même temps » très macronien.
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