Pendant près de deux ans, la pandémie de Covid-19 et la santé du monde ont été les thèmes prioritaires de toutes les réunions du G7, du G20, du Conseil européen et des sommets diplomatiques régionaux. La diplomatie était en première ligne. L’expression « diplomatie vaccinale » s’est introduite dans le langage des négociateurs. Emmanuel Macron, Angela Merkel et Ursula von der Leyen avaient fondé ACT-A (pour Access to Covid-19 Tools-Accelerator), un nouveau mécanisme de financement de la recherche et de l’achat de médicaments et de vaccins contre le Covid-19.
Quelques mois après la fin déclarée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de l’urgence pandémique mondiale, le mot d’ordre semble au silence et au déni feignant l’oubli. Ni le président français, ni le chancelier allemand, ni la présidente de la Commission ne participeront à la réunion extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies à New York, en septembre. Ni le mot « santé » ni celui de « pandémie » n’ont été prononcés par Emmanuel Marcron, dans son discours à la conférence des ambassadeurs.
L’attention politique nationale et internationale a décru et nous sommes entrés dans ce que le monde anglo-saxon appelle le cycle de panic and neglect. Le désarroi devant l’urgence sanitaire laisse place, sans que l’on en tire les leçons, à l’omission, voire à la négligence. Dans le rapport publié en mai 2021 du Groupe indépendant d’évaluation de la réponse internationale au Covid, nous avions noté que moins de 10 % des recommandations proposées par les instances chargées de tirer les leçons de l’épidémie d’Ebola de 2014 en Afrique de l’Ouest avaient été suivies. De fait, lorsque Ebola a surgi en Ouganda il y a quelques mois, les anticorps thérapeutiques élaborés aux Etats-Unis à la suite de l’épidémie étaient bien dans les réserves, mais n’ont pas été accessibles.
Dispositifs nouveaux indispensables
Nous nous demandions, le 16 juin, alors que l’état d’urgence sanitaire était clairement passé, s’il était raisonnable pour autant de tourner définitivement la page vis-à-vis d’une maladie qui continue à ôter trois fois plus de vies que la grippe saisonnière. De nouveaux variants potentiellement menaçants tels que le BA.2.86 apparaissent et l’OMS recommande de les surveiller. Les recommandations en matière de rappel vaccinal contre le Covid-19 à l’échelle nationale concernent en priorité les personnes à risque de formes graves. Mais si les Britanniques ont décidé d’avancer la campagne d’un mois en raison de la tendance préoccupante actuelle, le gouvernement français tergiverse toujours à ce sujet.
Il vous reste 41.08% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.