A Marseille, le procès de la torture d’une petite main du trafic de drogue

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Son rêve de gosse cabossé par l’existence, c’était les grosses voitures entourées de filles en bikini. Pour accéder à ce mirage, le 9 août 2019, Mathieu – le prénom a été modifié –, 16 ans, s’échappe du foyer de l’Aide sociale à l’enfance d’Eure-et-Loir où il loge après plusieurs échecs de placements en famille d’accueil. Direction Marseille où, à la lecture d’annonces alléchantes publiées sur les réseaux sociaux Snapchat et TikTok par les réseaux de vente de stupéfiants en quête de main-d’œuvre, l’adolescent pense qu’il va gagner 500 euros quotidiennement en vendant de la drogue.

Trois jours après avoir débarqué à la gare Saint-Charles, le 13 août, une voiture le dépose entre la vie et la mort devant un hôpital avant de repartir en faisant crisser les pneus. Son corps est martyrisé, porte la trace d’une quarantaine de brûlures de cigarettes et Mathieu a été brûlé au chalumeau sur le sexe et les cuisses.

Quatre accusés âgés de 22 à 30 ans sont jugés à partir de vendredi 8 septembre devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône pour ce calvaire que les juges ont qualifié d’« enlèvement et de séquestration accompagnée d’actes de torture et de barbarie ».

Comme tous les jeunes en errance qui viennent à Marseille proposer leurs bras aux trafiquants de drogue – on les a nommés les « jobbeurs » –, Mathieu trouve, dès son arrivée, un « job » aux Micocouliers, une cité des quartiers nord de la ville, haut lieu de la vente de stupéfiants. Il est interpellé alors qu’il vient de prendre son poste mais, à l’insu des policiers, il dissimule sous un arbre la cocaïne et le cannabis contenus dans sa sacoche de « charbonneur ».

« Pire qu’un animal »

Garde à vue, juge des enfants et placement dans un foyer le temps de trouver un éducateur qui le raccompagnera à Chartres… Mais Mathieu fugue immédiatement, court aux Micocouliers récupérer la drogue et file devant le bâtiment A6 de la cité Félix-Pyat pour écouler ses quelques grammes. Cette vente en « freelance », sans l’autorisation des gérants de Félix-Pyat, entraîne aussitôt une pluie de coups de poing et de barre de fer par les acteurs du réseau. Ils veulent savoir pour qui il travaille. Conduit dans un local associatif désaffecté, il est attaché sur une chaise avec du câble électrique, mis entièrement nu à l’aide de ciseaux, brûlé et frappé. Un garçon alors âgé de 17 ans – condamné à dix ans de prison en novembre 2022 par la cour d’assises des mineurs – le contraint à sniffer de la cocaïne. Lui a-t-on fait aussi ingurgiter du détachant pour le linge dont les enquêteurs ont retrouvé la trace sur place ? « Ils m’ont traité pire qu’un animal », dira Mathieu à la juge d’instruction.

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