« A focaliser les projecteurs sur l’hôpital, on court le risque de passer à côté des vrais enjeux »

0
77

Nos hôpitaux publics sont confrontés à des difficultés majeures : les vagues épidémiques ont exténué les professionnels d’un hôpital public déjà fragilisé, les infirmières manquent et des disciplines comme les urgences, la pédiatrie ou la psychiatrie traversent une période difficile. Nous consacrons notre énergie à chercher des solutions et à régler les problèmes, et n’avons donc aucune intention de minimiser ces difficultés.

Néanmoins, l’AP-HM dispense des soins de grande qualité à tous sans distinction, l’enseignement médical et paramédical dans nos CHU demeure d’excellente qualité et la recherche médicale française reste de très haut niveau, grâce notamment à nos CHU. Nos hôpitaux restent donc parmi les meilleurs au monde.

Nous sommes fiers de notre hôpital public et voulons alerter : à focaliser les projecteurs sur l’hôpital, certes on décèle toutes ses difficultés, mais on court le risque de ne chercher les solutions que sous cet éclairage et ainsi, de passer à côté de vrais enjeux, voire de déstabiliser ce qui fonctionne sans régler aucun problème.

Le binôme médecin-directeur efficace et complémentaire

Ainsi, depuis bientôt vingt ans, un premier projecteur cible la gouvernance des hôpitaux et les relations entre directeurs et médecins, jusqu’à pousser les corporatismes de tous bords à s’étriper pour un rien. Et pourtant, le binôme médecin-directeur nous semble efficace et complémentaire. L’un est nommé, l’autre est élu ; l’un a l’expérience de la médecine, l’autre de la santé publique et de la gestion.

Nos responsabilités se complètent, nous agissons ensemble et notre sujet n’est pas de pinailler sur nos pouvoirs respectifs mais de mettre en œuvre nos décisions communes pour transformer nos hôpitaux aussi vite que l’exigent les défis à relever.

Un deuxième projecteur vise le financement des hôpitaux et les dérives de la tarification à l’activité. Il faut une réforme du financement mais sans esquiver d’autres débats. Tout d’abord, notre pays est confronté au besoin de renouvellement des grands investissements de l’après-guerre. Certains hôpitaux, comme à Marseille, nécessitent des investissements considérables, notamment pour faire face à la nécessaire réduction de l’empreinte carbone.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Grève des médecins libéraux : les raisons d’un « front commun historique »

Ensuite, notre pays doit cesser de tolérer l’abondance d’offre de soins dans certains territoires et la pénurie ailleurs, le coût humain et financier de l’une rendant difficile la lutte contre les déserts médicaux. Il faut adapter le financement de l’hôpital public mais aussi transformer ceux des hôpitaux et cliniques qui mobilisent trop de moyens au regard du service effectivement rendu.

Il vous reste 56.2% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici