vendredi, octobre 11

Le gouvernement a présenté ce jeudi son projet de loi de finances pour 2025.
Il confirme que les ménages – hormis les plus riches – ne seront pas soumis à plus d’impôts, et que le barème de l’impôt sur le revenu sera relevé.
Toutefois, de nombreuses hausses de taxes ou diminutions d’aides devraient peser sur le pouvoir d’achat des Français.

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La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

Soixante milliards d’euros d’économies pour ramener le déficit à 5% du PIB en 2025. Le gouvernement a présenté, jeudi 10 octobre en Conseil des ministres , son projet de loi de finances pour 2025. Il confirme la promesse de l’exécutif de ne pas augmenter les impôts pour les ménages, en dehors des plus riches. En revanche, il propose de faire des économies en augmentant le prix de nombreux services, en actant des hausses de taxes ou en baissant un certain nombre d’aides. Voici comment le projet de budget 2025 pourrait, s’il est adopté, peser sur le pouvoir d’achat des Français, en particulier les plus modestes.

Les dépenses de santé devraient augmenter

Le projet de budget de la Sécurité sociale 2025 prévoit 4 milliards d’euros d’économies pour l’Assurance maladie. Le gouvernement souhaite par exemple réduire la part de cette dernière dans le remboursement des consultations médicales. Une piste retenue consisterait à faire passer cette part Sécu (ticket modérateur) de 70 à 60%, pour la transférer sur les complémentaires santé dont la part passerait ainsi de 30 à 40%. Difficile, cependant, d’imaginer que les mutuelles ne répercuteraient pas cette hausse de charge sur les prix de leurs contrats pour les particuliers et les entreprises, comme on vous l’explique dans la vidéo ci-dessous. Le reste à charge augmenterait d’autant plus que le prix des consultations est appelé à augmenter, pour atteindre par exemple 30 euros chez un généraliste.

Face aux experts du vendredi 11 octobre 2024Source : L’Invité Politique

15:46

En outre, comme le rappelle l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (Irdes), 4% des Français, soit 2,5 millions de personnes, ne bénéficient pas d’une complémentaire santé. Ce sont en général les plus modestes. 

Le gouvernement envisage aussi de rogner les indemnités journalières perçues en cas d’arrêt maladie. L’Assurance maladie rembourserait toujours les arrêts à hauteur de 50% du salaire journalier, mais dans la limite d’un plafond de 1,4 Smic, contre 1,8 aujourd’hui. Si le reste à charge est souvent compensé par les entreprises, ce n’est pas toujours le cas. Certains Français devraient donc mettre, là encore, la main à la poche.

C’est également pour faire ces 4 milliards d’euros d’économies que le gouvernement a décidé de reporter au 1er juillet l’indexation des retraites sur l’inflation , initialement prévue au 1er janvier. Un manque à gagner de six mois, que certains ont chiffré dans le JT de TF1.

Les factures d’électricité baisseront moins que prévu

Dans le cadre de la sortie du bouclier tarifaire, le gouvernement compte relever une taxe sur l’électricité au-delà de son niveau d’avant la crise énergétique, qui était de 32 euros par mégawattheure. Le montant de la taxe sur l’électricité n’est toujours pas fixé. Il sera étudié en février, indique Bercy. Il « dépassera le montant pré-crise, mais garantira une baisse de 9% pour les ménages au tarif réglementé de vente (TRV) ou contrats indexés sur ce TRV », a assuré une source au ministère de l’Économie. La taxe pourrait malgré tout atteindre 50 euros/KWh , a indiqué jeudi une source à Bercy. 

Si les cours de l’électricité ont fortement reflué sur les marchés, les 22,4 millions de ménages et entreprises en contrat de tarif réglementé (56% des abonnés) en février en profiteront moins que prévu.

Hausse du prix du gaz et de la TVA sur les chaudières à gaz

Le projet de budget prévoit d’exclure les chaudières à gaz du champ de la TVA réduite à 5,5% ou 10%. Elles seront désormais taxées au taux plein de 20%. Le gouvernement, qui met en avant son souhait de se mettre en conformité avec la réglementation européenne et les objectifs de décarbonation de la France, espère en récupérer 200 millions d’euros. Il se vend environ 400.000 chaudières à gaz chaque année en France.

Par ailleurs, la facture de gaz pourrait connaître une nouvelle flambée. La fiscalité sur le gaz devrait en effet être relevée, dans une proportion qui n’est pas définie pour l’heure. 

Moins d’aide pour la rénovation des logements

L’État va diminuer sa subvention pour financer MaPrimeRénov’ , dispositif à succès et principale aide publique à la rénovation énergétique des logements : elle passera de 4 milliards annoncés pour 2024 à 2,3 milliards d’euros en 2025. Selon l’Agence nationale de l’habitat, depuis 2020, MaPrimeRénov’ a permis d’aider la rénovation de plus de 2,3 millions de logements, dont 268.143 rénovations d’ampleur, générant au total plus de 32 milliards d’euros de travaux.

Les transports polluants plus taxés, mais les bonus écologiques rabotés

Le gouvernement a confirmé jeudi qu’il envisageait bien d’alourdir la taxation du secteur aérien français d’un milliard d’euros. Par ailleurs, le projet de budget du gouvernement prévoit un nouveau malus sur l’achat des voitures neuves polluantes qui touchera presque tous les véhicules à essence et diesel à partir du 1ᵉʳ janvier 2025. Les voitures neuves émettant plus de 112 grammes de CO2 par kilomètre (contre 118 aujourd’hui) seront taxées à l’immatriculation à hauteur de 50 euros par gramme de CO2 supplémentaire. La barre sera ensuite abaissée progressivement à 106 grammes en 2026 et 98 grammes en 2027. 

Le malus masse sera aussi alourdi : dans le projet actuel, les voitures pesant plus de 1500 kilogrammes devraient être taxées à partir de 2026 (contre 1600 jusqu’ici), entre 10 et 30 euros par kilogramme en trop. Ces mesures, présentées comme un « verdissement de la fiscalité » par le gouvernement, sont censées encourager les Français à aller vers des énergies moins polluantes. Toutefois, dans le même temps, l’enveloppe du bonus censé encourager l’achat de voitures électriques neuves (jusqu’à 7000 euros par véhicule) diminuerait, passant de 1,5 à un milliard d’euros.


Justine FAURE

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