dimanche, octobre 6

Si l’on ajoute les 13 candidats de gauche élus hors Nouveau Front populaire aux 182 élus sous sa bannière, la gauche a remporté lors de ces législatives 195 sièges, soit 27 de plus qu’Ensemble et 52 de plus que le Rassemblement national (RN) et ses alliés Les Républicains (LR). Avec un gain net de 44 sièges par rapport à 2022, elle fait cependant moins bien que l’extrême droite, qui en décroche 54 de plus. C’est d’abord parce qu’elle a déjoué les pronostics et parce qu’elle arrive en tête – et donc qu’elle est en mesure de gouverner – que la gauche apparaît comme la grande gagnante du scrutin.

Ce succès est d’abord, comme en 2022, le fruit d’une stratégie d’union autour d’un programme et de candidats communs. Rappelons qu’historiquement un tel accord fondé sur le partage des circonscriptions dès le premier tour était alors sans précédent. Sa reconduction, après une campagne européenne fratricide, n’était en rien assurée. Elle aurait pu ouvrir la voie à de très nombreuses dissidences.

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Ce succès est aussi le résultat de la stratégie de front républicain. Largement impulsée et appliquée par la gauche avec peu d’exceptions, celle-ci a été mise en œuvre plus tardivement et bien moins systématiquement par le camp présidentiel et quasiment pas par LR. La gauche est ainsi clairement apparue comme la plus intransigeante face au RN, quitte à sacrifier ses candidats face à des adversaires politiques patentés tels que Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, ou Laurent Wauquiez, président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.

Le rejet du racisme et de la xénophobie, la lutte contre l’extrême droite sont, une fois de plus, apparus comme de puissants vecteurs d’unité et de mobilisation. En cela, ce succès doit aussi aux multiples appels et manifestations qui ont émané des syndicats, du milieu associatif, de la presse de gauche, lesquels ont alimenté une intense participation sur les réseaux sociaux mais aussi sur le terrain. Partout des boucles WhatsApp rassemblant militants aguerris et citoyens non encartés soucieux de faire barrage ont fleuri. La gauche a ainsi montré qu’elle avait de beaux restes, que sa culture militante n’avait pas disparu.

Enracinement du RN dans ses bastions

Cette victoire demeure toutefois en trompe-l’œil. Non seulement elle est très loin de la majorité, mais elle repose sur un socle électoral politiquement composite et fragile, et sur une base sociologique trop peu populaire. Son audience dans les banlieues des grandes villes, où dominent locataires en habitat social et populations d’origine étrangère, et chez les moins de 35 ans ne doit pas masquer son désancrage au sein des classes populaires et des petites classes moyennes.

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