mercredi, mars 19

Au sein de la station Sanae IV, en Antarctique, un membre de l’équipe scientifique a récemment menacé ses collègues.
Or, en raison des conditions extrêmes à cette période de l’année, une opération de sauvetage n’est actuellement pas envisageable.
Mais alors comment et pourquoi ces scientifiques se sont-ils retrouvés reclus dans cette base à l’écart de la civilisation, et dans quel but ?

Une expédition qui tourne au cauchemar. Un membre de l’équipe de recherches de la station Sanae IV, en Antarctique, a accusé un collègue de menaces de mort, d’agression physique et même sexuelle, dans un courriel envoyé depuis la base et relayé par le Sunday Times. Selon lui, l’individu en question aurait fait preuve d’un comportement « profondément troublant », engendrant « un climat de peur et d’intimidation » sur place. Mais aucun changement d’équipe ne peut être effectué avant plusieurs mois. Pourquoi, et que font les personnes coincées sur ce bout de terre isolé du monde ?

Sanae IV est une station scientifique sud-africaine. Inaugurée en 1997 à Vesleskarvet, en Terre de Maud, elle est la quatrième du programme de recherche South African National Antarctic Expedition (Sanae) – en français Expédition Nationale Sud-Africaine en Antarctique. 

Elle est située à plus de 4.000 km de toute civilisation, et exposée à des conditions météorologiques extrêmes. De ce fait, les scientifiques qui y séjournent – une petite dizaine à cette période – sont coupés du monde pendant de longs mois, comme c’est le cas actuellement. L’équipe actuelle ne doit pas être relevée avant le mois de décembre prochain. 

Une vaste base scientifique entièrement équipée

Comment vivre de si longs mois presque à huis-clos ? La conception de cette base est tout à fait remarquable, avec une structure sur pilotis qui permet à la neige de s’écouler par le dessous. Ce modèle, révolutionnaire à l’époque de sa construction à la fin des années 1990, a d’ailleurs depuis servi de modèle aux stations britannique Halley et allemande Neumayer III. Sanae IV se compose de trois modules de deux étages chacun et reliés entre eux. « La base est divisée en trois blocs, A, B, C », confirme sobrement Vhulahani Manukha, un ingénieur qui a séjourné sur place quelques années plus tôt. Une grande aire d’atterrissage surélevée pour hélicoptères, à l’extrémité nord, complète l’infrastructure. 

L’intérieur est entièrement équipé, avec une grande salle de sport, un sauna, un bar, de larges pièces de stockage, un salon vidéo, une cuisine ou encore une infirmerie. Tout le nécessaire pour vivre en autarcie sur une longue période. 

Des missions différentes en été

Reste désormais à connaître plus précisément la raison d’être de Sanae IV. L’installation, équipée de nombreux instruments de pointe, héberge tout au long de l’année des projets de recherche sous les auspices du Sanap (South African National Antarctic Programme – Programme National Sud-Africain en Antarctique). « Seul le programme de sciences physiques est mené toute l’année sur place », précise le Sanap sur son site internet. « Les autres programmes – sciences de la terre, sciences de la vie et sciences océaniques – se déroulent pendant la courte période estivale, lorsque les températures et le temps permettent de travailler sur le terrain et que l’étendue de la glace de mer est minimale », est-il précisé. 

Lors de son séjour, Vhulahani Manukha, racontait s’occuper « principalement de la maintenance des instruments et d’analyses de données – en enregistrant les événements intéressants ». « Nous réalisons aussi des projets de développement, c’est-à-dire tout projet visant à améliorer l’installation actuelle de nos instruments ainsi que les méthodes de collecte, de stockage et d’analyse des données », décrivait-il encore dans une vidéo du Sanap. 

À noter que malgré leur isolement, les chercheurs peuvent tout de même compter sur des capacités de communication avancées par satellite et par radio. Un accès internet de bonne facture leur est également garanti. 


Maxence GEVIN

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