dimanche, décembre 7

  • Doit-on réserver plus d’espaces aux femmes pour leur sécurité ?
  • Si les initiatives en ce sens se multiplient, les avis divergent parmi les premières concernées.
  • Regardez ce reportage du JT de TF1.

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Le 13H

L’insécurité n’est pas qu’un sentiment. Elle peut se traduire en chiffres : en 2024, 88% des 1.400 victimes d’outrage sexiste et sexuel enregistrées par la police étaient des femmes, et 97% des mis en cause étaient des hommes. Face à cet implacable constat, une solution émerge dernièrement un peu partout dans le monde et en France : la création de lieux exclusivement dédiés aux femmes. Ce reportage du JT de 13H de TF1, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article, passe en revue des initiatives en ce sens, en donnant la parole aux principales concernées, mais aussi aux hommes ainsi exclus.

Première étape dans un sous-sol du 19e arrondissement de Paris, où s’étend, sur 5.000 m2, un immense complexe sportif ayant ouvert, il y a cinq mois, un espace de ce genre. Sur place, c’est l’unanimité. « C’est une idée géniale ! On peut être libre de se mettre en sous-vêtements sans avoir ce regard pesant de certains hommes », estime une cliente. « Personnellement, je n’ai jamais vécu de situation gênante avec des hommes, mais il y a une atmosphère qui fait qu’on se sent mieux. Ici, on est toutes différentes mais on a le même but », abonde une autre. Mais n’est-ce pas dommage d’en arriver là ? « Sûrement oui, mais tant que, du côté masculin, ça ne change pas, on a peut-être besoin d’espaces qui nous sont réservés », répond une habituée

Pour entendre un autre son de cloche au sein de cet établissement, il faut franchir les barrières et tendre le micro à une cliente continuant de faire ses exercices dans un espace mixte : « Je pense que ça n’aide pas les femmes à se libérer, et que ça n’éduque pas non plus les hommes vis-à-vis des femmes. En fait, pour moi, ce n’est pas une solution de séparer les hommes et les femmes. » Un homme, soulevant des haltères à quelques mètres de là, se montre pourtant plus compréhensif : « Il y a des hommes qui regardent, évidemment. Donc le fait qu’elles soient entre elles et qu’elles n’aient pas à se soucier de ça, ça doit les aider à plus se concentrer sur leur exercice à elles, avec une pensée négative en moins dans la tête. » Bref, les avis divergent.

Ce débat s’est, du reste, récemment invité dans les transports en commun de la région parisienne, où une pétition en ligne (nouvelle fenêtre) réclamant l’expérimentation de wagons 100% féminins dans les RER et les Transiliens a recueilli plus de 30.000 signatures en quelques jours. « Nous ne voulons pas être séparées, nous voulons être protégées », peut-on notamment y lire. Valérie Pécresse, présidente du conseil régional et de l’autorité de transport Île-de-France Mobilités, y a réagi en ces termes, le 6 novembre sur RMC (nouvelle fenêtre) : « Je ne me résigne pas à ce que, dans notre pays, il y ait un apartheid dans les transports en commun. »

C’est le principal argument des opposants à cette initiative : il s’agirait aussi d’une forme de ségrégation sexuelle, se conjuguant à une certaine régression, puisqu’il avait fallu attendre 1976 pour que les écoles de France deviennent mixtes. Dit autrement : ce serait contraire aux valeurs de la République. La région Île-de-France a donc privilégié d’autres mesures pour lutter contre cette insécurité féminine, en plaçant 80.000 caméras dans les rames des trains et des bus, en lançant un numéro d’urgence dédié (3117 par SMS ou appel au 31177), ou en mettant en place, à partir de 22h dans tous les bus franciliens, l’arrêt à la demande, permettant aux passagères de descendre quand elles le souhaitent, aussi près que possible de chez elles.

Certains transports privés, en revanche, n’ont pas hésité à franchir le pas. Les plateformes de Véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC), par exemple, proposent toutes, aujourd’hui, un service spécifiquement dédié aux femmes. Elles seules peuvent passer ce type de commandes via l’application et la prise en charge se fait exclusivement par une conductrice. Linda, chauffeuse Uber depuis quatre ans, ne peut déjà plus s’en passer : « Je sors de chez moi entre 3h et 4h du matin et je choisis toujours de travailler avec les femmes parce que je me sens en sécurité, et elles aussi. » Ce n’est pas plus cher qu’un VTC classique et la formule a un incontestable succès, qui peut se traduire en chiffres : 150.000 courses de ce genre en un peu moins d’un an.

Hamza HIZZIR | Reportage TF1 ; Didier PIERESCHI, Caroline BLANQUART

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