samedi, mai 18
Timour Ivanov, vice-ministre russe de la défense, dans un tribunal de Moscou, le 24 avril 2024.

Le glaive du Kremlin s’abat rarement sur un responsable militaire de très haut rang en exercice. Spectaculaire, l’arrestation du vice-ministre russe de la défense, Timour Ivanov, mardi 23 avril, a jeté un froid derrière les hauts murs du ministère, quai Frounzenskaïa, à Moscou. Elle intervient dans un contexte de piétinement de l’offensive russe en Ukraine et d’un possible remaniement ministériel attendu à partir du 7 mai, date de l’investiture de Vladimir Poutine pour son cinquième mandat. Cette poursuite judiciaire sans précédent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il y a deux ans et deux mois, pourrait être l’expression d’une frustration grandissante du chef de l’Etat envers son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré mardi que Vladimir Poutine et le ministre de la défense avaient été informés de la détention d’Ivanov. Sergueï Choïgou a donné l’ordre de limoger Timour Ivanov jeudi 25 avril au matin.

Présenté en uniforme militaire devant le juge dès le mercredi 24 avril, le vice-ministre, âgé de 48 ans et connu pour son mode de vie somptuaire et ostentatoire, a été placé en détention provisoire au moins jusqu’au 23 juin dans la prison de Lefortovo, réputée pour être contrôlée par la sécurité d’Etat (FSB). Très proche de M. Choïgou, Timour Ivanov est accusé d’avoir participé à une « association de malfaiteurs avec des tiers » pour recevoir des pots-de-vin « très importants » lors de l’exécution de contrats et de travaux de sous-traitance pour les besoins du ministère de la défense.

Sa fonction consistait précisément à superviser l’activité de construction et de maintenance des biens et équipements du ministère. Un poste brassant d’énormes sommes d’argent, puisque la défense est devenue le principal poste budgétaire du pays. A ce titre, le vice-ministre était chargé de chantiers pharaoniques, comme la reconstruction de la ville ukrainienne de Marioupol, dévastée en 2022 par les bombardements russes. Auparavant, il avait supervisé la construction de la cathédrale des forces armées russes, près de Moscou, le cosmodrome de Vostotchny, et les centres médicaux du ministère de la défense pour le traitement des patients atteints de Covid-19.

L’homme de confiance de Choïgou

Ciblé par plusieurs enquêtes retentissantes réalisées par des journalistes d’investigation indépendants et par des alliés de l’opposant assassiné Alexeï Navalny, Timour Ivanov commençait à faire figure de canard boiteux au ministère, tant les images dévoilant son train de vie tranchaient avec ses revenus officiels, et surtout avec le bourbier dans lequel évoluent les soldats russes en Ukraine. Son apparence soignée, ses lunettes à monture fine et son expression amène collaient mal à l’image d’un officiel, qui affiche habituellement en public une mine sévère et des manières frustes.

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