La retraite dite « progressive » va-t-elle sortir de la confidentialité ? C’est, semble-t-il, le souhait de la plupart des organisations patronales et syndicales. Dans le projet d’accord conclu, le 14 novembre, sur l’emploi des seniors, elles ont élaboré des mesures visant à faciliter l’accès à ce dispositif dont le but est de permettre aux salariés de ralentir la cadence lorsqu’ils approchent du terme de leur vie professionnelle. Les avis sur l’impact du texte sont partagés, certains le jugeant prometteur tandis que d’autres regrettent son manque d’ambitions.
Instaurée en 1988, la retraite progressive donne la possibilité de percevoir une fraction de sa pension tout en continuant une activité mais à temps partiel. L’objectif est de favoriser des transitions douces au crépuscule d’une carrière. Plusieurs lois, dont celle d’avril 2023 qui a repoussé à 64 ans l’âge légal de départ, ont tenté de promouvoir le recours à ce mécanisme. Le nombre de bénéficiaires a été multiplié par cinq depuis le milieu des années 2010, mais il demeure très faible : un peu moins de 27 000 à la fin de 2023, s’agissant du régime général, soit entre 3 % et 4 %, environ, des personnes ayant pris leur retraite cette année-là. Une marginalité due à la profonde méconnaissance de cet outil : en 2021, seuls 32 % des nouveaux pensionnés déclaraient savoir de quoi il s’agit, d’après un rapport de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
Aujourd’hui, le gouvernement veut que ce système se développe. Le premier ministre, Michel Barnier, l’a cité parmi les pistes de chantiers qu’il compte proposer aux partenaires sociaux pour « améliorer » la réforme d’avril 2023. Une ouverture dans laquelle se sont engouffrés les syndicats et le patronat, à l’occasion de la négociation qu’ils ont conduite, à l’automne, sur le maintien en poste des « salariés expérimentés ».
« Il y a une vraie demande »
Le compromis, qu’ils ont ficelé à l’issue des discussions, le 14 novembre, entend autoriser l’accès à la retraite progressive à partir de l’âge de 60 ans, alors que la loi d’avril 2023 prévoyait de relever graduellement cette condition d’âge à soixante-deux ans – pour tenir compte du report progressif à 64 ans de l’âge légal de départ. En outre, le projet de texte, mis au point par les organisations d’employeurs et de salariés, accentue un peu le formalisme si le patron rejette la requête de son collaborateur qui désire bénéficier du dispositif. Des « missions de tutorat ou de mentorat » peuvent, par ailleurs, être confiées à ce dernier. En revanche, l’idée, défendue par les syndicats, d’un droit opposable à la retraite progressive, que le travailleur pourrait invoquer même en l’absence d’un feu vert de sa hiérarchie, a été écartée.
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