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Leur objectif : devenir un champion européen dans « l’économie circulaire » de l’automobile. Les groupes Renault et Suez ont annoncé, jeudi 3 octobre, un investissement commun de 140 millions d’euros dans le capital de The Future is Neutral [« l’avenir est neutre »], la filiale créée par le constructeur automobile en 2021, spécialisée dans le recyclage et le reconditionnement des véhicules.

Dans le détail, Suez prend une participation de 20 %, laissant les 80 % restant à Renault. Neutral [l’anagramme de Renault] a réalisé un chiffre d’affaires d’1 milliard d’euros en 2023. L’ambition est de doubler ce résultat en 2030. « Le fait que des groupes aussi importants que Renault et Suez mettent de l’argent sur la table est la preuve du potentiel du secteur du recyclage », a commenté jeudi Luca de Meo, le directeur général du groupe automobile, lors d’une conférence de presse commune au siège historique de Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). « Nous voulons démontrer que les déchets industriels sont des ressources réutilisables et rentables », a expliqué Sabrina Soussan, la PDG de Suez. Le géant du traitement de l’eau et de déchets évalue le marché européen à 14 milliards d’euros.

Son rapprochement avec la marque au losange doit permettre de répondre non seulement aux objectifs de baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi à des enjeux majeurs des prochaines années dans le secteur automobile, comme la sécurisation des approvisionnements en matériaux stratégiques ou la volatilité des prix des matières premières. C’est surtout un moyen de se positionner, alors que la réglementation européenne prévoit de renforcer les mesures sur la réutilisation des ressources. A partir de 2031, 25 % des plastiques utilisés pour la construction d’un nouveau véhicule devront provenir du recyclage, et 16 % de cobalt dans les batteries électriques.

« Opportunité business »

Renault et Suez sont déjà partenaires depuis 2008 dans la récupération des déchets métalliques et dans la valorisation des véhicules en fin de vie, au sein de la société Indra, spécialisée dans le démantèlement et intégrée au sein de The Future is Neutral. Renault a également investi dans le reconditionnement des véhicules d’occasion, avec trois usines dédiées, à Flins, dans les Yvelines, à Séville, en Espagne et à Bursa, en Turquie, qui ont traité plus de 50 000 engins depuis 2021. De son côté, Suez développe avec le groupe Eramet un projet de recyclage de batteries de véhicules électriques.

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Le pari est risqué alors que le recyclage cherche toujours son modèle économique – le plastique vierge asiatique est toujours meilleur marché, par exemple, que le plastique recyclé européen. Mais le constructeur automobile veut voir une vraie « opportunité business » dans le recyclage « en boucle fermée ». « Tous les ans en Europe, environ 11 millions de véhicules partent à la casse, c’est un véritable gisement », souligne Jean-Philippe Bahuaud, directeur général de The Future is Neutral, qui souhaite servir tous les clients possibles et pas seulement Renault.

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