jeudi, juillet 4

Si les prix des carburants ont légèrement baissé au printemps, le litre d’essence demeure une denrée onéreuse, à plus d’1,80 euro en moyenne.
Une publication en ligne assure pourtant qu’au cours des dernières décennies, l’essence a vu sa valeur diminuer, en tenant compte de l’évolution des salaires.
Ce constat, en apparence contre-intuitif, est exact, mais des précisions s’imposent.

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Au cours de la campagne des législatives, des partis comme le RN ont défendu une baisse de la TVA sur les carburants afin d’augmenter le pouvoir d’achat des Français. Une mesure déjà avancée lors de la présidentielle 2022, qui se heurte aux mêmes écueils puisque la législation européenne empêche les États membres de fixer à leur guise la fiscalité de l’essence ou du gazole.

Si le litre d’essence nous semble aujourd’hui très coûteux, dépassant actuellement en moyenne 1,80 euro dans l’Hexagone, il serait en réalité bien plus abordable que par le passé. C’est en tout cas ce qu’assure sur le réseau social X un élu local membre du parti Renaissance. Il indique que pour une personne au Smic en 1970, il était nécessaire de travailler presque 18 heures pour financer un plein de 50 litres. Désormais, en étant rémunéré au salaire minimum, à peine plus de 6 heures de travail seraient requises pour pouvoir se procurer un même volume de carburant.

Un carburant paradoxalement plus abordable de nos jours

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Au cours de l’année 1970, le montant du Smic a été revalorisé à deux reprises. Un salarié payé au salaire minimum touchait ainsi entre 3,27 et 3,5 francs (bruts). Le prix d’un litre d’essence, quant à lui, était d’environ 1,10 franc. Une somme tirée des annuaires statistiques de la France et mise en avant par le docteur en histoire économique Jean-Baptiste Noé.

En ce début juillet 2024, le prix du litre d’essence est proche de 1,84 euro, tandis que le Smic horaire est fixé à 11,65 euros (bruts). Des brefs calculs permettent ainsi de constater qu’une personne rémunérée en 1970 au salaire minimum devait travailler 15,7 à 16,8 heures pour gagner un montant brut équivalent au prix d’un plein de 50 litres. En 2024, il est seulement nécessaire de travailler 7,9 heures pour se procurer un tel volume. En schématisant, on constate donc qu’en tenant compte de l’évolution des salaires, le carburant coûte aujourd’hui deux fois moins cher aux Français au Smic qu’il y a un peu plus de 50 ans. Un écart d’autant plus marquant qu’à l’époque, les véhicules consommaient davantage, obligeant les automobilistes à se rendre plus fréquemment à la pompe.

Nos modes de consommation ont évolué

Pour mieux comprendre ces chiffres, il faut garder à l’esprit que l’automobile occupe aujourd’hui dans nos vies une place plus importante que par le passé. Tout d’abord, nous sommes passés d’environ 11 millions de véhicules individuels au début des années 1970 à un peu plus de 35 millions aujourd’hui. Soit une multiplication par plus de trois. Une croissance qui s’est traduite par une progression comparable du nombre de kilomètres parcourus (plus de 450 milliards par an à l’heure actuelle).

Cet attrait des Français pour l’automobile explique que les transports soient devenus un poste de dépense plus important pour les ménages qu’ils ne l’étaient voilà cinq décennies. Et ce, malgré la baisse relative du prix des carburants par rapport aux salaires. L’Insee, qui se penche sur la manière dont se décompose le budget des Français à travers les époques, a montré que nos habitudes de consommation avaient évolué. Ce qui peut, en partie, expliquer les différences de perception entre les prix de certains biens et services, en comparaison de la variation réelle des montants auxquels ils sont proposés. 

Alors que le volume annuel de consommation par personne a été multiplié par 3 entre 1960 et 2007, les montants alloués à l’alimentation ont connu un net recul, au contraire de la santé, des loisirs ou des services. De nouvelles dépenses – quasi incontournables – se sont ajoutées dans notre quotidien, qu’il s’agisse des abonnements Internet, des achats et/ou renouvellement de téléphones mobiles, etc. Autant de charges mensuelles difficilement compressibles et qui rendent plus perceptibles les variations des prix des carburants. 

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Thomas DESZPOT

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