mercredi, septembre 25

La retraite à 31 ans pour les footballeurs internationaux lessivés, c’est le programme de Raphaël Varane, champion du monde 2018 qui raccroche les crampons au moment même où les voix des joueurs s’élèvent contre un calendrier trop chargé.

Le foot « au plus haut niveau (…) met à l’épreuve tous les degrés de votre corps et de votre esprit », a écrit le joueur aux 93 sélections en équipe de France (5 buts) au moment d’annoncer sa « retraite de ce jeu que nous aimons tous ».

Le défenseur central n’a disputé qu’un début de match avec le club italien de Côme, qu’il avait rejoint cet été, avant de sortir blessé. Il préfère retenir qu’il s’en va comme un prince, sur un « dernier match où j’ai remporté un trophée à Wembley », la prestigieuse « Cup », le plus vieux tournoi du foot du monde dans le temple londonien, avec Manchester United.

Pour arrêter en pleine gloire, « il faut une bonne dose de courage pour écouter votre cœur et votre instinct », ajoute Varane. Mais il faut aussi une bonne dose de fatigue. Le capitaine des Bleus à 20 reprises avait déjà pris une précoce retraite internationale après la finale de la Coupe du monde perdue contre l’Argentine (3-3, 4 t.a.b. à 2) en 2022.

« Le haut niveau est comme une machine à laver, vous jouez tout le temps et ne vous arrêtez jamais », expliquait-il au moment de remiser le maillot frappé du coq, à seulement 29 ans.

– « Le footballeur avale l’homme » –

« Nous avons des emplois du temps surchargés et nous jouons non-stop. En ce moment j’ai l’impression d’étouffer et que le footballeur avale l’homme », soupirait-il.

Le médecin de la Fifpro, le syndicat des joueurs, Vincent Gouttebarge, comprend le choix de Varane, érodé « surtout au niveau émotionnel et mental et cognitif » par « une carrière commencée à 14 ans en centre de formation » à Lens, « jusqu’à 31 ans dans des clubs de foot de l’élite (Real Madrid, Man Utd) et en équipe nationale. Forcément, ça use. Physiquement, les articulations ne s’arrangent pas lors d’une carrière dans le sport de haut niveau ».

Son annonce surprise vient strier un ciel déjà lourd après les blessures longues durées de joueurs majeurs comme Rodri ou Ter Stegen et l’hypothèse d’une grève des joueurs, évoquée par Jules Koundé.

Star de l’Espagne et de Manchester City, Rodri s’est gravement blessé à un genou – son club l’a confirmé mercredi – quelques jours avoir tonné en conférence de presse contre le calendrier.

« Nous devons prendre soin de nous, nous sommes les personnages principaux de ce sport, ou de ce business, peu importe comment vous l’appelez », pestait Rodri.

Selon une étude menée par la Fifpro sur la saison 2023-2024, 30% des joueurs ont manqué au moins six matches d’affilée en raisons de blessures.

– « Nombre croissant de matches » –

Elle cite également comme excessifs les 162.978 km parcourus en 12 mois par Cristian Romero, les 75 matches d’un autre international argentin Julian Alvarez ou le fait que Takumi Minamino a dû jouer avec Monaco 24 heures après l’élimination du Japon en Coupe d’Asie, en février.

Il y a « un nombre croissant de compétitions et de matches par compétition », note le docteur Gouttebarge. « Notre avis est le même que celui des joueurs qui se sont exprimés ces derniers temps: ça commence à faire beaucoup ».

« Il va falloir trouver une solution avant que ce ne soit encore plus catastrophique », ajoute le médecin, mais il n’est « pas trop naïf » face au poids de « l’économie ».

Varane, qui va continuer à travailler à Côme dans un rôle qu’il n’a pas précisé, pourra peut-être peser sur les débats autour du calendrier.

Le Real, avec qui il a gagné quatre Ligue des champions, lui souhaite « bonne chance dans cette nouvelle étape », comme United, qui souligne son « humilité, son leadership et son engagement. Que ces qualités te servent bien dans ta prochaine entreprise ».

Son sélectionneur Didier Deschamps « sai(t) que cette décision, toujours difficile à prendre, est le fruit d’une mûre réflexion » et gardera « l’image d’un joueur tourné vers les autres, le collectif ». Maintenant « il va pouvoir se consacrer aussi à sa famille ».

« Je n’ai aucun regret, je ne changerais rien, j’ai gagné plus que je ne l’aurais jamais rêvé », conclut Varane.

eba/bde

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